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 Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.

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Gaïd
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Gaïd


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MessageSujet: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeMer 25 Aoû - 17:53

  • *Gaïd s'éloignait de la maison au toit de chaume, sans même se retourner. Elle ne voyait pas la fumée qui sortait de la cheminée, et qui saupoudrait le ciel de sa grisaille pâle. Elle ne voyait pas la douce lumière des bougies au travers des fenêtres. Elle ne voyait pas les deux visages penchés au-dessus du vide, la suivant du regard jusqu'à sa disparition complète dans l'obscurité de la nuit. Quand bien même elle les aurait vu, elle n'aurait pu se résoudre à revenir sur ses pas, à bredouiller une excuse, et à recommencer sa vie là où elle l'avait laissé. Ce n'est qu'une fois la forêt qui bordait le chemin de terre atteinte qu'elle se résigna à se retourner, et à contempler pour la dernière fois la maison qui l'avait vu grandir. Une pointe de nostalgie recouvrait déjà son regard, et habillait ses yeux de tristesse. Elle était pourtant résolue à partir, et à commencer sa vie. C'était sa deuxième chance, elle en était consciente. Elle devait lui faire honneur, pour tout ceux qui n'en avait pas eu, ou tout simplement pour elle-même. Elle se raisonnait en se disant qu'elle ne faisait que reprendre sa première vie, celle qui l'avait fait naître, et celle ou Aziliz surplombait encore son jeune visage en souriant. C'est ce sourire qui l'encouragea à reprendre la route. Il lui réchauffait le cœur lorsqu'il revenait dans son esprit. Il lui faisait croire que tout était possible, et que peut-être un jour, elle retrouverait la trace de son passé, et la suivrait jusqu'aux premières de ses heures. Elle marcha au milieu des arbres, avec pour seule compagnie les lucioles qui dansaient autour d'elle, projetant leur éclat sur les feuilles et les fougères environnantes. Elles faisaient apparaître des ombres tantôt belles, tantôt menaçantes. Gaïd tenait fermement son poignard entre ses longs doigts, et restait aux aguets. La forêt était d'ordinaire plutôt calme, mais la nuit était la protectrice des voleurs et des brigands. N'importe quel arbre pouvait dissimuler un homme ou une bête agressive, devant laquelle elle ne ferait peut-être pas le poids. Qui sait? La jeune fille sentait ses paupières se refermer doucement au fur et à mesure de sa marche. Elle résistait du mieux qu'elle pouvait, mais le sommeil gagnait du terrain. Elle devait dormir, ses muscles le lui répétaient sans cesse avec douleurs et contractions involontaires. Elle voulu continuer encore un peu, avant de s'effondrer, mais ne put aller bien loin. Un grand chêne aux ramures imposantes l'accueillit sous ses grandes racines. Il avait dû en voir passer, des voyageurs éreintés, à voir les marques de couteau qui décoraient le bois. Gaïd se laissa envelopper par la douce torpeur du sommeil, et sombra aussitôt après avoir poser sa tête sur un lit de mousse.*

    Le matin apporta ses premières lueurs à travers la cime des arbres. Il caressa le visage de Gaïd de ses clartés, et la sortit de sa courte nuit. Elle se redressa en médisant contre elle et son idée saugrenue de partir au beau milieu de la nuit. Elle aurait aussi bien pu attendre l'aube, et s'en aller avant le lever su Soleil. Elle épousseta ses habits couvert d'écorce et de poussières, et se leva. Après de longs étirements, elle se rendit à l'évidence: elle devra supporter ses courbatures jusqu'à la prochaine auberge. Elle réprima un soupir de mauvaise humeur, et dépassa le chêne qui l'avait abrité. Elle marcha toute la journée. Le Soleil avait dardé ses rayons malgré le couvert des branches et de leurs feuilles, et la chaleur avait été très forte. La jeune troubadour avait dû faire plusieurs pauses et s'était décidé à suivre le trajet d'un petit ruisseau afin de se rafraîchir quand bon lui semblait. Le cours d'eau coulait le long de la végétation luxuriante. Les iris bleus se pavanaient sur ses rives, et raillaient de leur belle couleur les roseaux qui les entouraient. Quelques poissons avaient eu le malheur de rencontrer un martin pêcheur, pour le plus grand bonheur de Gaïd, qui s'était émerveillé devant sa technique de pêche et sa grâce. Le soir arrivait lorsqu'enfin, elle arriva à son premier véritable arrêt. L'auberge cachait le coucher du Soleil et se parait de mille et une nuances de rose. Elle semblait bien accueillante. Il faut dira aussi qu'après avoir passé une nuit au pied d'un arbre, n'importe quel lit avec repas aurait été accueillant.
    Son voyage dura une semaine. Sept longs jours à voguer au gré du temps et de ses caprices. Entre temps, elle avait gagné de l'argent avec sa musique et sa danse. On l'avait applaudit partout où elle avait posé le pied. Elle laissait toujours une trace d'elle, que cela soit en dessin dans un riche village d'humains où un peintre l'avait esquissé jouant de la flûte, ou simplement en mémoire, dans chacun des bourgs où elle était passé. Sa renommée était encore bien faible aux côtés des grands troubadours de son monde, mais elle réussissait tout de même à faire son petit effet lorsqu'elle s'attardait à enjoliver les murs sombres des villes de ses rires et de ses notes. Elle avait eu l'occasion d'apprendre de nouvelles chansons, contant les aventures de héros imaginaires ou réels. Elle les avait quelque peu arranger à sa manière, afin de leur donner un sens plus chevaleresque. Cela donnait des rêves aux enfants qui venaient la voir, et les faisait battre des mains lorsqu'elle entamait un refrain. Malgré tout cela, elle n'abandonna pas son apprentissage légué par Euriell. Entre chaque ville, elle se devait de poursuivre cet entraînement si éprouvant. Ne serait-ce que parce qu'elle l'avait promis, mais aussi parce qu'elle n'aimait pas perdre son temps. Elle avait besoin d'actions, elle voulait sentir l'adrénaline en elle, et la douleur dans ses muscles. Elle se libérait des contraintes et des mauvais jours par ces mouvements violents et précis. A chaque mauvaise recette, elle se défoulait au pied d'un arbre ou d'un mur, elle se déchaînait entre les branches et les faisait voler en éclat. Alors, son esprit soulagé, elle pouvait se consacrer à son art qu'était la musique.

    "Tu as bien compris? Il vit à Morën. Tu te souviendras?" dit-il en lui tendant un bout de papier, sur lequel était griffonner un nom et une adresse. "Euriell m'a déjà rendu un petit service par le passé... une chance que je t'ai rencontré! Je ne peux vraiment plus le supporter, il doit disparaître, le plus tôt sera le mieux!" Il soupira bruyamment, et attrapa la chope qui moussait devant lui. Il but d'une traite tout le liquide qui se trouvait à l'intérieur. Gaïd le regarda avec mépris, et se replongea dans la contemplation de sa carte d'Azerin. Les lettres calligraphiées et les lettrines qui la décoraient tranchaient nettement avec les mots rabougris que lui avait écrit l'homme assit en face d'elle. Il n'avait pas dû faire de grandes études, et tout dans ses manières en avait subit les conséquences. Elle essaya de déchiffrer l'adresse de sa cible, et observa sa carte. Morën. En plein pays elfique. Elle s'y était déjà aventuré avec ses parents, et ses souvenirs lui montraient de hautes tours pointées vers le ciel, transperçant les nuages de leur magnificence. Une belle ville que cette Morën. Dommage d'y faire couler le sang. Gaïd releva les yeux vers son "client". Il avait une barbe broussailleuse qui assombrissait son visage et lui donnait un air terrible. Cet aspect semblait différer de sa véritable nature. La jeune fille sourit à l'idée que ce physique de brute ne parvenait pas à venir à bout de l'un de ses voisins. Elle l'avait déjà vu, une fois. Il avait discuté longuement avec Euriell de choses qu'elle ne devait pas entendre. Mais, en tant que petite fille bien élevée, elle avait essayé d'écouter la conversation. Les bribes qui l'avaient atteint ne lui avait rien enseigné. Ils avaient parler d'argent et d'accident, mais la signification réelle de leurs paroles n'avait pas effleuré son esprit d'enfant. Aujourd'hui, c'était déjà plus clair. L'homme semblait être un habitué de ce genre de petits services. Elle ne répondit rien à ses plaintes, et encore moins à ses questions. Il l'ennuyait, mais il lui avait proposé un bon prix, et elle avait besoin de cet argent. La dernière ville qu'elle avait visité n'avait pas été bien généreuse, et elle avait tout juste de quoi se payer une chambre et un repas chaud. Elle bu tranquillement son propre verre, et eut le loisir d'observer son voisin de table appeler la serveuse et lui redemander une chope. A ce rythme là, il viderait l'auberge avant la fin de la soirée. Il semblait sale, et ses habits portaient la trace d'anciens repas. Gaïd aurait pu retrouver le menu de ses précédentes soirées en regardant simplement sa veste. Celle-ci, à l'origine d'un brun clair, était délavée, usée par la poussière et les mauvais traitements. Elle donnait un air pouilleux à l'homme qui la portait. La Tsuan se força à sourire lorsqu'il reprit la parole, et lui conta le malheur de son petit monde. Elle était dégoûté par cet individu qui l'avait abordé dans l'après-midi. Il l'avait reconnu à ses yeux et ses beaux cheveux aile de corbeau. Les reflets bleus qui les éclairaient avait un quelque chose de magique, qui accrochait le regard et restait gravé dans la mémoire. Elle s'en voulait encore de ne pas avoir mis sa capuche. Lorsqu'il eût fini sa cinquième chopines, il se décida enfin à la laisser. Il la remercia une bonne dizaine de fois avant de lâcher sa main et se sortir de l'établissement. Elle regarda ses doigts couverts de l'alcool qu'avait contenu jadis les chopines, et se précipita dans le seau d'eau qu'elle avait fait monté dans sa chambre. Elle pesta de tout son cœur contre le malotru qui avait osé la toucher, et lui demander un tel travail. C'était son premier client de ce genre, et elle se félicita d'avoir fait perdurer son entraînement. Elle retranscrivit le nom de sa proie plus lisiblement, et rangea sa carte précieusement. Ses couteaux brillaient sur sa petite table de nuit, et n'attendaient qu'à servir.

    Elle se réveilla avant l'aube. Les étoiles étincelaient encore dans le velours sombre de la nuit. Elles s'éparpillaient en petites nuées graciles, et paraissaient mobiles aux côtés de la Lune. Celle-ci s'était affinée pour ne plus formé qu'un croissant à peine visible. Elle éclairait à peine, et avait abandonné aux étoiles le soin d'illuminer ce bas monde. L'aubergiste ayant été prévenu du départ matinal de Gaïd, il lui avait préparé, moyennant salaire, un baluchon remplit de nourriture. Elle l'attrapa, et s'en alla sur la pointe des pieds. Une fois dehors, elle recouvrit sa tête de sa capuche, et s'avança dans la rue. Ainsi vêtue, elle passait presque inaperçue, et se noya dans les ombres des murailles. La journée apportait son lot de grisailles et de nuages, et la pluie menaçait à chaque instant. Les paysans que la jeune femme croisa sur sa route se dépêchait de ramasser leurs foins, et de le mettre à l'abri. L'atmosphère était pesante, et la respiration difficile. Une odeur d'humidité trainait le long des chemins, et la fatigue se fit sentir rapidement. Ne laissant transparaître que ses yeux, Gaïd passait pour un voyageur parmi les autres, et restait anonyme à tous ceux qu'elle rencontrait. Son long manteau se souillait de poussière à chacun de ses pas, et ses bottes auparavant noires, étaient à présent brunes de terre. C'est en milieu d'après-midi que la pluie tomba enfin. La chaleur avait été étouffante, et l'orage ne tarda pas à éclater. Les roulements du tonnerre effrayaient les enfants qui se voyaient pousser des ailes et se réfugiaient dans les jupes de leurs mères. Gaïd se retrouva rapidement seule sur la route. La solitude n'était pas un problème pour elle, mais le voyage fut plus éprouvant qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Patauger dans la boue et glisser chaque fois qu'un pied touchait le sol n'était pas un plaisir qu'elle se ré-offrirait. Mais elle retira sa capuche pour profiter de la fraîcheur pluviale. Les éclairs zébraient le ciel à intervalles réguliers, illuminant les paysages. Ils donnaient un aspect fantomatique à la Tsuan, qui était plus pâle que jamais. Quelques heures s'écoulèrent avant que la pluie cesse, et que Gaïd atteigne Morën. La ville s'étendait devant ses yeux, majestueuse et imposante. Les hautes flèches des grands bâtiments narguaient l'orage qui venait de passer, et la foudre qui les avait évité. La jeune femme ne s'arrêta pas à contempler les remparts qui protégeaient la ville, et passa la grande porte. Les voyageurs se massaient sous l'arche, et la bousculaient. Malgré le temps, l'activité semblait importante. Les gardes avaient fort à faire, et Gaïd put passer sans soucis. Elle pénétra dans la grande rue, et se perdit dans la foule.



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Maël
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeVen 27 Aoû - 12:39

    Far away, this ship is taking me far away ...

    ____Mören, fin de l'après midi.
    La foule se presse aux portes de la ville. Comme souvent, la cité elfique attire son lot de visiteurs, qu'il s'agisse du Marchant cupide comme du curieux de passage, sans oublier l'elfe isolé venu voir sa famille. Tous semblent écrasés par la majesté des tourelles de la capitale elfique qui, défiant les nuages et la pesanteur, tendent leurs toits pointus vers les cieux. A moins que ce ne soit cette chaleur épuisante qui les accable ... Perdu au milieu des passants, un étranger caché sous une longue cape sombre se faufile discrètement, évitant les coudes et les genoux, presque invisible. Aucun curieux ne se retourne sur son passage, aucun enfant ne le montre du doigt, bien qu'il ne soit pas vêtu de manière très conventionnelle. Qu'est-ce qui a bien pu amener un tel individu à se rendre dans une cité si gaie et si fréquentée ? Pour le savoir, remontons le temps de quelques jours et dirigeons nous vers une auberge très simple, située au croisement des routes menant à Mören et à la Forêt de Bralien.
    Parmi les clients, en grande majorité d'origine elfique, qui sont attablés dans la salle commune, une se distingue. Vêtue assez simplement, elle ne parvient cependant pas à masquer une grâce et une tenue caractéristiques des membres aisés de la société. Très aisés, même. Et elle ne sent manifestement pas très à l'aise, car elle ne cesse de secouer ses longs cheveux roux en regardant autour d'elle. Enfin, un nouveau venu pousse la porte principale. Discret dans son habit de voyage gris-brun, il dégage pourtant, lui aussi, une aura particulière. Mais, étrangement, aucun client ne semble remarquer son apparition et, après un instant d'immobilité, l'étranger se dirige vers la femme rousse sans qu'aucun regard ne le suive. Il prend place avec un naturel bluffant, jauge son interlocutrice de ses yeux gris remarquablement métallisés, avant de se poser contre le dossier de sa chaise. Le calme incarné.

    - Vous n'êtes pas très ... facile à contacter, entama la femme à voix basse.
    - Nous ne sommes pas une Guilde Secrète pour rien. Venez-en au fait.

    - Oui, oui, bien sûr. Comme vous le savez sûrement, je suis membre de la Guilde des Bâtisseurs, et nous sommes ... hum ... gênés par un Marchant qui refuse de nous céder un terrain. Alors ... Enfin, vous voyez, non ?
    Son interlocuteur reste de marbre. Rougissante - après tout, elle parle bien de faire disparaître un individu de la société - la femme baisse les yeux. De toute évidence, elle préfèrerait setrouver à des lieux de cette auberge, sans doute confortablement installée dans son immense et douillette demeure. Loin, très loin, de ce Voleur qui la terrorise.
    - Je suis prête à vous payer très cher, on m'a dit que vous étiez parfait pour ce genre de ... choses, tente-t-elle pour rediriger la conversation sur un domaine qu'elle maîtrise à merveille - la négociation.
    - Faire appel à quelqu'un de mon grade pour une tâche aussi futile qu'un assassinat est totalement inutile, soupira le Voleur.
    La Bâtisseuse semblait s'attendre à cette réponse, car elle a une mimique faussement déçue, avant de lâcher, comme à contrecœur, mais avec une lueur amusée au fond des yeux :

    - Il a une certaine importance, dans sa Guilde. Et il aura sans doute d'utiles renseignements ...

    "Pourquoi suis-je venu ? Non, question stupide, je me la pose depuis que je suis parti des Ruines, et je connais pas réponse par cœur. Parce que je m'ennuyais. C'est aussi bête que ça. Un Chasseur de Primes, celui qui a été nommé il y a peu - je ne connais pas son nom - est venu me voir avec ce fichu parchemin où un Bâtisseur quémandait l'aide la Guilde. Mon aide, plus précisément. Ça avait pourtant l'air d'une mission des plus simples, et j'aurais pu y envoyer ce fameux Chasseur de Primes en lui ordonnant de se faire passer pour moi. En plus, il ne m'aurait pas volé la moitié de la prime, lui. Il ne connaissait pas encore les ficelles. Du moins, pas assez. Mais cela faisait trois jours - trois longs jours - que je n'avais pas bougé des Décombres, et je n'avais aucune envie de me morfondre un seul jour de plus. Et j'ai accepté. Première erreur. Je m'étais mis en route sur le champ, sellant Abysse en vitesse et me lançant au grand galop à travers les prés. Je m'étais installé dans un bosquet près de l'auberge où je devais trouver mon commanditaire, préférant savoir à l'avance à qui j'allais avoir affaire. Pour éviter que toute expression de surprise apparaisse sur mon visage, car c'était ce qu'il chercherait à faire, bien sûr. Vers la fin de l'après-midi, après qu'un nombre incroyable d'elfes soient entrés dans l'auberge, j'ai pu observer à mon aise une femme rousse dont les grandes enjambées montraient son habitude d'être escortée, respectée et choyée. C'était elle, bien sûr. Premier imprévu, ce n'était pas un homme. J'en ai été soulagé. Seconde erreur. Si j'avais su tout ce qu'elle allait me faire subir durant la soirée ...
    Maintenant que je suis face à elle, j'essaye de rester de marbre, de ne laisser ni malaise, ni agacement paraître sur mon visage. Rien qui ne lui donne de prise pour sa négociation. Je ne veux pas qu'elle trouve de point sensible où enfoncer un peu le clou. Elle a déjà l'argument des information "secrètes" pour elle - bien que je n'aies jamais songé à refuser, tuer un Marchand particulièrement riche et radin ne me dérangeant pas le moins du monde. Surtout s'il s'agit de lui soutirer des informations, que je pourrais ensuite livrer à ma Guilde, pour les utiliser et les revendre à prix d'or quand l'occasion s'en présentera. Faire peur aux autres Guildes. Voilà ce qui nous amuse et nous attire, nous les Voleurs. Bien plus que l'argent. Du moins, c'est mon cas. Mais je ne dois pas lui montrer que je suis intéressé par ces informations, pas encore. Non, je dois lui poser des questions purement pratiques, la mettre mal à l'aise. Je dois mener la conversation. Je n'ai jamais rien négocié moi ... Pourquoi aies-je accepté ?

    - Combien pour sa mort ?
    L'argent. Quelque chose qu'elle connait. Elle ouvre la bouche pour répondre puis, croisant mon regard glacial, elle se ravise et met la main à sa ceinture. Là où se trouve sa bourse. Où plutôt, là où elle se trouvait. Je retiens un sourire quand je vois ses sourcils se froncer, et je serre la main sur le petit sac brun, sentant le poids des pièces d'or au bout de mon bras. Il n'a pas été difficile de lui dérober, elle était trop occupée à m'observer pour surveiller son argent. Finalement, je décide que je l'ai assez fait attendre et je pose la bourse sur la table, provoquant un petit bruit de métal s'entrechoquant qui la fait sursauter. Cette fois, je ne peux retenir le petit sourire moqueur qui se forme sur mes lèvres. Elle serre les dents, mais ne dit rien. J'ai gagné. Après un long, très long moment de silence, pesant pour elle mais délectable pour moi, elle finit par lâcher d'une voix la plus neutre possible.
    - La moitié maintenant, l'autre après.
    J'acquiesce, tandis qu'elle compte les pièces et en garde la moitié, dans une seconde bourse, qu'elle attache solidement à sa ceinture. De quoi a-t-elle peur ? Je ne fais pas la même blague deux fois. Je suis peut-être un Voleur, mais je sais me tenir. J'empoche les pièces, puis, sans un mot, me lève et quitte l'auberge. Accrochée à la ficelle, un petit bout de papier sur lequel est noté une adresse. Mören ... La cité elfique. Ce n'est pas bien loin, j'aurais dû me douter que j'allais avoir faire là-bas. Je retrouve Abysse attaché à quelques mètres de là, broutant les feuilles du bosquet. J'ai le temps, largement. J'irais au pas jusqu'à Mören, sans presser mon cheval."

    Retour à Mören, sous un ciel torride. Les gens semblent ralentis par la chaleur, comme si le temps s'était à moitié figé, empêchant tout mouvement trop rapide, toute réflexion trop compliquée. A l'entrée de la ville, la file des visiteurs s'étend, filtrée mollement par des Mercenaires elfiques peu attentifs. Ils se doutent bien que toutes les personnes qui entrent ne sont pas bien attentionnées, mais ils savent aussi que la plupart des "malfaiteurs" qui veulent entrer passent plutôt par les remparts lors du changement de garde, pour éviter que leur visage ne soit reconnu. Peut-être est-ce pour cela que leur regard ne s'arrêta même pas sur l'homme en cape sombre lorsqu'il passe devant eux, mêlé à la foule colorée, mais marchant d'un pas plus vif et plus souple que la plus grande partie des badauds. Le Voleur - celui que nous avons observé dans cette auberge, trois jours plus tôt - s'arrête au coin d'une ruelle, à l'ombre, et regarde autour de lui, cherchant peut-être à se repérer. Son regard s'arrête sur les plus hautes tours de la ville, à des étages où le lierre, bien que tenace, peine à monter. Le lierre, plante omniprésente dans la ville elfique. Rares sont les maisons pointues où aucune feuille n'est visible, car celles qui ne cultivent pas sont envahies par celui des voisins, et, partout où se pose le regard, la plante grimpe à l'assaut des murs, se hisse le long des toits, s'enroule autour des tours. Cela donne une étrange mélange de couleurs, où le rouge de la tuile se mêle au vert des plantes et au jaune pâle des maisons. Les passants, habillés de vêtements aux couleurs délavés dans cette partie basse de la ville, se pressent à l'ombre des ruelles, marchant d'un pas nettement plus prompt que les visiteurs qui attendent à l'entrée de la ville et qui doivent subir une écrasante chaleur. Leur ballet incessant ferait tourner la tête de l'elfe accoudé à sa fenêtre, et le pousserait à retourner bien vite s'occuper ailleurs. Et les occupations ne manquent pas. On ne trouve aucune ville d'Azerin qui compte autant de Couturiers. Même Adalaë, la capitale, ville immense et lumineuse, ne parvient pas à en réunir autant. Les elfes ont des doigts de fées, et les elfes vivent à Mören. Cette majorité elfique au sein de la Guilde explique peut-être son manque d'ambition. Les elfes ne sont pas manipulateurs - enfin, la plupart. Mais revenons à notre Voleur. De son côté, il semble finalement avoir trouvé l'endroit qu'il cherchait en parcourant du regard les différentes rues qui s'ouvrent à lui. Il s'engage dans l'une d'elle, une large artère qui monte vers les sommets de la cité, menant à plusieurs ponts qui enjambent les bas quartiers. Et se faufile au milieu de la foule, semblable à une ombre. Invisible.



Dernière édition par Maël le Jeu 14 Oct - 19:45, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeVen 27 Aoû - 23:19

  • Gaïd peina à se frayer un chemin parmi la foule. Cela devait être jour d'affluence pour une quelconque raison qui lui échappait, mais elle avait croisé quelques chariots recouverts de toile, qui lui laissaient deviner la présence d'un marché. C'était bien sa veine. La capuche rabattue sur le front, elle avançait les yeux au ciel, seul réconfort qu'elle trouvait au milieu de centaines d'âmes inconnues. Les nuages s'éclaircissaient et tiraient maintenant vers le gris clair et le blanc laiteux. Les amoncellements orageux s'étaient éloignés, poussés par le vent. Celui-ci était coupé par les hauts remparts de la ville, ce qui laissait une atmosphère pesante et chaude à l'intérieure même de la ville, comme si la respiration et la chaleur des corps restaient stagner le long des caniveaux. Le bruit était omniprésent, les uns criaient aux autres, et l'on se répondait en mêlant sa voix au concert des roues des charrettes et aux hennissements des chevaux. Gaïd ne s'y retrouvait plus dans tout ce monde, et commençait à ressentir son malaise habituel au devant des gens. Elle n'osait les regarder dans les yeux, de peur qu'elle se fasse remarquer. Son beau regard océan retenait trop facilement l'attention pour qu'elle se permette de la divulguer au premier inconnu venu. Les quidams se dispersaient dans les grandes rues, mais l'empêchaient d'atteindre les plus calmes. Elle poussait autant qu'on la bousculait, mais se faisait emporté par le flot de voyageurs et de citadins. Elles les observait au couvert de son manteau, jetant un coup d'œil par-ci par-là, si bien qu'elle ne voyait jamais un corps entier. C'était un bout d'oreille pointu, de longs yeux en amande d'un blanc transparent, une peau verdâtre ou de beaux cheveux argentés. La foule restait anonyme et compacte. Il n'y avait plus d'individu, seulement une masse informe et mouvante. Elle réussit finalement à se dégager du torrent agglutiné contre les murs, et reprit son souffle. Elle vérifia la totalité de ses instruments et de ses armes, vérifiant ainsi que personne ne lui avait emporté quelque chose. Ce n'avait pas été les occasions qui manquaient.

    Elle s'enfonça prudemment dans une ruelle sombre, seulement éclairée par la lumière descendante du jour. Les maisons se touchaient, et les murs dissimulaient le reste de la ville. Seules une pointe ou deux parvenaient à dépasser les toits rouges, et rappelaient aux étourdis que l'on se trouvait à Morën. Berceau de l'elfique, la ville semblait immense à côté des villages déjà visités par la troubadour. Dans chaque rue, elle rencontrait un visage d'espèce différente, et en découvrait par la même occasion. Elle décida de retirer sa capuche une fois arriver dans l'ombre des toits, afin de mieux observer le quartier. Elle ne savait pas trop où elle se trouvait, mais ne voulait pas risquer de demander son chemin. Il suffisait que l'on rapproche son appel à l'aide au futur meurtre pour qu'elle soit poursuivie et condamnée. Malin pour un assassin. Elle fixa son regard le long des pavés parfaitement alignés, et suivi le filet d'eau qui témoignait des récentes averses. Elle grelottait malgré la chaleur, tous ses vêtements étant mouillés. Un courant d'air filait le long de la ruelle, et séchait ses cheveux, les faisant aussi s'envoler avec grâce et sauvagerie de chaque côté de son visage. Certains regards se retournaient sur son passage, irrésistiblement attirés par l'or de son luth, et par la beauté des sculptures ornant sa flûte. Partout, elle affichait son appartenance à la guilde des troubadours. Elle se créait ainsi un visage précis, et se défaisait des soupçons que l'on pourrait avoir sur elle. Les troubadours étant aimés pour leurs chants et leurs danses, elle paraissait inoffensive, les poignards bien dissimulés dans sa ceinture. Elle croisa des visages qui ne lui étaient étrangement pas inconnus. Aussi, elle vit un homme à la peau violacée, très claire, et aux cheveux court et blanc. Son apparence la figea. C'était la première fois qu'elle observait un être proche d'elle physiquement. La première fois qu'elle voyait un Tsuan. Elle en aperçut deux autres au cours de sa traversée. Pas plus. D'ailleurs, ils étaient seuls, et semblaient fuir le bruit et l'agitation du centre et de la grande arcade par laquelle elle était arrivé. La nuit commençait à tomber lorsqu'elle sortit enfin des petites rues, pour retrouver le boulevard qui coupait la ville en deux. Le calme retombait doucement sur les déchets éparpillés au sol. Certains marchands vantaient encore leurs produits, et des curieux attardés se laissaient volontiers manipuler par les meilleurs commerçants. Gaïd remonta le long de la rue, et scruta les noms d'auberge. Il lui fallait tout de même un toit pour passer la nuit. Elle déboucha sur la place principale, où s'affairaient quelques ménagères et où jouaient encore des enfants sous l'œil vigilant de leurs parents. Il y avait dû effectivement y avoir eu un marché, car certaines roulottes étaient restées, les volets fermées et la porte cadenassée. La jeune femme traversa l'esplanade, et se rendit à l'auberge "Les Flèches d'Or".

    En entrant, elle ressentit une fois de plus sa gêne face à l'étranger. Elle marcha silencieusement jusqu'au comptoir où elle demanda une chambre et un repas chaud. Elle s'assit dans un coin de l'établissement, n'ayant pour lumière qu'une simple bougie, et déplia ses cartes sur la table. Elle avait déniché un plan précis de la ville, et l'étudiait scrupuleusement. Elle était passé devant la maison qui suscitait sa venue à Morën, et essayait maintenant de la retrouver sur le parchemin. Elle suivit la ligne que formait l'avenue à partir de la grande porte, et pointa l'auberge. La maison se trouvait une rue plus bas. Il lui suffirait de retraverser l'esplanade, et elle serait pratiquement devant sa cible. Au cas où un problème survenait, des escaliers à deux maisons de son but lui permettraient de contourner le lieu de son contrat, et la ramènerait par deux dénivelés à la place et donc, à l'auberge. Son refuge à présent. Elle observa encore ses chances de sortie rapide, et traça du doigt le chemin qu'elle ferait dans la nuit. Puis la serveuse arriva vers elle, et elle enroula rapidement ses cartes. Pour le moment, elle n'était encore que Gaïd, jeune troubadour itinérante. Elle devait garder ce rôle aux yeux de tous. Elle mangea en silence, et monta aussitôt son repas terminé dans la chambre qu'on lui avait assigné. Elle y déballa ses outils nécessaires, et choisit parmi eux sa dague et deux poignards. Elle les dissimula dans sa ceinture et dans l'une de ses bottes. En cas de surprise, elle aura toujours une arme en main. Les conseils d'Euriell revenaient se bousculer dans sa tête, et l'obligeaient à vérifier qu'elle n'avait rien oublier. Elle se dirigea vers la fenêtre, et s'assit sur le rebord. Elle se répéta inlassablement les plans de la nuit, et se redessina la carte de la ville. Elle aurait retrouvé son chemin les yeux fermés. Satisfaite de ses préparatifs, elle s'autorisa quelques minutes de sommeils. Après quoi, la nuit serait noire, sans Lune pour l'éclairer, et l'heure sonnerait pour le malheureux marchand. Il n'avait maintenant plus que quelques heures à vivre. Gaïd reposa sa tête sur l'oreiller, et somnola. Des paroles revenaient la hanter. Un chant si beau, si doux. Une chanson absolue que nul ne pourrait remplacer dans son cœur. Des notes si pures, une mélodie céleste et insaisissable, aussi légère qu'un vol de papillon, divine. Elle était son sang. Les mots se détachaient de la musique avec la mélancolie d'un amour perdu. Une chaleur rassurante envahissait son corps, et calmait ses appréhension. Maintenant, c'était à elle de rentrer en scène.

    *Il fait sombre à présent. Assez pour que je devienne invisible aux yeux ensommeillés des voisins. Ils ne m'entendront pas, tout engourdis dans leur lourd sommeil. Vous ne connaissez pas l'art. Vous ne savez pas ce qu'est la difficulté du camouflage, vous ignorez la beauté d'un corps qui se meut en silence. Moi je sais. Si vous prenez la peine de plisser le regard et de suivre ma silhouette sur le sol pavé, pour apprendrez. Je me glisse le long du mur dont les pierres irrégulières me livrent des prises. Le lierre bruisse sous mes mains, comme si le vent venait le secouer de sa torpeur. Je ne suis plus qu'une ombre, et vous ne me verrez pas. Le sol s'est rapproché de moi, et je saute comme l'aurait fait un chat. Je me faufile dans l'atmosphère obscure de la nuit, et me perds moi-même dans le silence endormi. La place s'ouvre à mes yeux, et me dévoile sa face nocturne. Le manteau que j'ai sur le dos ne suffit pas à réprimer mes tremblements. Erwan m'a raconté une fois que dans le désert, les journées sont brûlantes et enflamment les êtres non préparés à affronter le Soleil, tandis que les nuits glacent les corps et les engourdis dans un sommeil éternel. Je m'enfonce dans un désert gris de pierre. Mes seuls compagnons sont les étoiles qui brillent tristement, et les chats qui arpentent les rues en quête d'un repas que l'on ne leur aurait pas encore interdit. Les rats se font rares et les souris fuient les caniveaux. Les yeux d'ambre et de feu me guettent et attendent quelque chose de moi. Mais je n'ai que mon amitié et ma compassion à leur donner. Je suis déjà absorbée par un travail que je dois réussir. Le vent remonte l'avenue principale, alors que moi je la descend. Il souffle contre moi par rafales, comme s'il voulait m'arrêter avant que je commette l'irréparable. C'est vrai il ne reviendra pas, mais d'autres seront soulagés de le voir disparaître. J'essaye de ne pas voir les larmes qui couleront pour lui, les pleurs et les cris de désespoir que j'aurais provoqué. J'essaye d'ignorer les menaces qui pèseront sur moi, et les regards inquisiteurs qui se poseront sur mon apparence. Je pris la décision de rester une journée de plus. Oui, je resterai. Et je chanterai pour son âme. Ce cœur condamné à s'arrêter aura ma reconnaissance d'avoir battu assez longtemps pour croiser ma route. Et ma voix s'élèvera haut pour lui. J'ai l'impression d'être folle. Que suis-je donc en train de devenir? Mes lèvres remontent légèrement vers mes pommettes en un sourire innocent d'enfance révolue. Soudain, mes pas se bloquent. Ma respiration accélère et les battements de mon cœur se répondent en écho dans toute ma cage thoracique. Je suis arrivé.*

    Gaïd resta figée devant la façade ocre de la maison. La Lune s'étant absenté du ciel, les étoiles peinaient à éclairer les volets décelant un homme endormis, qui devait rendre son dernier soupir d'ici à quelques minutes. Tout se jouerait à partir de maintenant. La Tsuan scruta de tous les côtés, et s'avança dans la solitude qui régnait autour d'elle. Elle s'approcha de la porte, et en caressa le bois humide. Elle n'était pas solide, mais la crocheter ferait sûrement plus de bruit qu'elle n'en voulait. Elle se recula et déchiffra le mur, y détaillant les moindres creux, les plus infimes bosses. Alors, elle remarqua qu'un des volets du rez-de-chaussée battaient silencieusement dans le vent. Son crochet avait dû être mal fermé, car il pendait dans l'embrasure. Gaïd sourit. Ce sera vraiment facile. Elle ouvrit le volet, et poussa la fenêtre. Elle s'en doutait, il n'y avait aucun loquet. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle entra sans difficultés. L'homme qui lui avait proposé ce contrat l'avait prévenu. Il savait parfaitement que la cible ne fermait jamais ses fenêtres, et comptait sur les volets pour les verrouiller. La jeune fille se demandait quels liens avaient uni les deux hommes, pour que son commanditaire sache autant de détails sur la vie de l'autre. Ils avaient dû être très intimes. Elle tira les volets, de façon à ce que l'on ne vit pas qu'ils étaient ouverts, et repoussa la fenêtre. Un léger cliquetis se fit entendre lorsque les battants se rencontrèrent, et elle suspendit quelques secondes sa respiration. Elle avait l'impression que son cœur frappait un tambour tant il battait fort.


Dernière édition par Gaïd le Lun 13 Sep - 21:47, édité 1 fois
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Maël
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeSam 11 Sep - 15:31

    « Far away from the memories, of the people who care if I live or die »

    Le Voleur n'a vraiment pas choisi son jour. Il se glisse dans une rue large et pavée, qui monte en pente douce vers les sommets de la ville, et empruntée par de nombreux passants, marchands, et autres carrioles encombrantes. Les chevaux, énervés piétinent face aux piétons qui se bousculent, se poussent, se frayent un chemin dans la masse ; nombreux sont ceux qui se reçoivent un coup de sabot, de museau ou bien encore les rênes d'un conducteur quelque peu irrité. Aucun chemin ne semble préférable à travers la foule - ni même possible, d'ailleurs. Aucune intervalle entre les épaules ne s'ouvre au Voleur, et pourtant celui-ci ne semble pas éprouver la moindre difficulté à remonter la rue à une vitesse bien supérieure à celle qu'affichent la plupart des marcheurs, qui stagnent lamentablement derrière une carriole un peu trop lente, ou que bloque un porteur de paniers de linge. Semblable à une ombre, il se faufile dans la moindre interstice entre deux badauds, qui semble s'élargir sur son passage - juste assez pour qu'il y passe. Aucun visage, ni étonné, ni indigné - et encore moins curieux ne se retourne vers lui ; aucun regard méfiant ou soupçonneux ne le suit jusqu'à ce qu'il disparaisse entre deux autres passants. Et heureusement car, une fois nos yeux posés sur cet étrange individu, il est difficile de l'en défaire. En effet, impossible de ne pas remarquer à quel point ses mouvements sont souples, presque félins, sûrement inspirés par des années d'entraînement et de discrétion. Chacun de ses gestes paraît calculé au millimètre près. Impossible donc de ne pas être comme fasciné par cette démarche si proche de celle des elfes, mais qui paraît si peu naturelle une fois appliquée à la carrure d'un humain.
    Soudain, la rue semble s'élargir, marquant l'arrivée dans une place. Et, aussitôt, la présence de cette foule dense et colorée s'explique. Un marché. Bien sûr. Partout des Marchands ont installé leurs étals, côtoyant les Couturiers ou bien les quelques Alchimistes qui tentent de faire fortune, usant de tous les moyens pour attirer un peu de clientèle. On peut ainsi apercevoir un elfe qui jongle agilement avec quelques fruits étranges, provenant sans aucun doute de la Forêt de Brälien, où poussent des fleurs et des plantes uniques au Monde. Un cercle s'est formé autour de lui, rassemblant quelques curieux admiratifs, qui applaudissent à chacune de ses acrobaties. De temps en temps, un fruit s'échappe de ses mains, et disparaît bien vite dans la foule compacte, sûrement ramassé par les petites mains d'un enfant des rues, ou bien empoché par un Voleur de passage. Car il n'y a pas que des Couturiers dans Mören. L'agilité des elfes ne sert pas que la maîtrise délicate du tissage, loin de là. Ainsi, beaucoup de silhouettes furtives se faufilent sur la place, faisant disparaître des ceintures les bourses rebondies, et empochant tout naturellement les marchandises exposées sur les étals de Marchands imprudents. Rapides. Discrets. Comme l'étranger qui se fraye un chemin à travers le Marché, avec néanmoins bien plus de difficultés que dans l'allée qui y menait.

    "Si j'avais su ... Je n'aime pas la foule, je n'aime pas les villes, je n'aime pas les marchés. Et, surtout, je déteste devoir subir le contact des gens. Le contact physique. Leurs regards, très rares, en plus, me laissent totalement indifférent, par contre je ne supporte pas leur contact. Un simple frôlement me donne la nausée. C'est toujours comme ça, quand j'ai une mission de ce genre. Quand je dois tuer. C'est stupide, pourtant, ces gens ne pouvaient pas lire mes intentions simplement en le touchant ... Sauf que leur proximité me met mal à l'aise. Plus que ça, même. Malade. Dans la rue, encore, c'était supportable. Je me répétais les conseils de mon maître, et j'arrivais à tenir. « La foule est une masse, mais une masse fluide, que le Voleur fend non comme la proue de l'imposant navire fend la mer, mais comme la barque qui le suit, la caresse, s'y adapte ; sans brutalité mais avec finesse, sans brusquerie mais avec discrétion » C'est bien sûr plus facile à dire qu'à faire, en particulier dans le marché. Personne ne va dans le même sens, les gens, trop occupés à regarder les étals, ne surveille pas leur marche. Impossible donc de prévoir les mouvements qui vont l'agiter, et je ml heurte sans cesse à de nouveaux visages, de même que ma barque se briserait contre l'écume. Il faut que je sorte d'ici, et vite. Seulement voilà, je ne suis pas extraordinairement grand, je ne peux pas bien voir où mènent les différentes rues qui montent de la Place. Et je ne peux pas non plus escalader les murs, malgré la facilité que m'offre le lierre : trop peu discret. Mais alors, que faire ..? Soudain, poussé par le flottement continu de la masse oppressante du peuple, je me retrouve face à une large trachée, peu empruntée, qui semble se diriger vers les hauteurs. Exactement ce qu'il me faut. Parfait ... Je m'y engage sans trop réfléchir, marchant à l'ombre des murs pour ne pas me faire trop remarqué, silhouette sombre au milieu de cette débauche de couleurs.
    Je sais où je dois aller. Mören est une ville étrange, elle ne semble pas tout à fait régie par les mêmes lois que les autres villes d'Azerin, comme si la volonté du Roi n'y était qu'à demi appliquée. Il faut dire que les elfes sont plutôt pacifiques, mais aussi très sélectifs, ce qui explique que les Mercenaires présents dans la ville ne soit ni d'autre race, ni très regardants. De plus, elle est construite de manière à ce que les plus beaux quartiers se situent en hauteur, accessibles seulement par des ponts, et le plus éloigné possible de l'entrée de la cité. Et seule l'apparence compte ... Autrement dit, toutes les fondations de ces magnifiques tours pointues recèlent quantité de caves secrètes, quasiment inaccessibles par les non-initiés. C'est-à-dire, pas pour moi. Après avoir vérifié que je suis seul dans la rue - qui, par une chance que je ne m'expliquerai pas, est précisément celle que je cherchais - je peux donc m'engouffrer dans ce qui ne semble être qu'une vague anfractuosité, et qui est en réalité un discret passage descendant en pente raide, jusqu'à une arche à moitié effondrée. Une fois arrivée devant, j'hésite un peu. Je ne me suis jamais rendu dans les quartiers secrets de Mören ; je me demande comment vivent les Voleurs ici ... Et, manifestement, ce ne doit pas être trop dur, comme je le découvre en entrant dans une vaste pièce, creusée dans la pierre, qui forme une large voûte bien loin au dessus de ma tête. L'air est frais - une vrai bénédiction après la lourde chaleur de l'extérieur - renforcé par une légère brise, provenant sans doute des aérations, qui agite mes cheveux tandis que je baisse ma capuche. Je me demande ce que va encore me révéler cet étrange endroit ..."

    A peine le Voleur est-il entré qu'un personnage de grande taille, assez larges d'épaules mais aux oreilles pointues très visibles, s'avance vers lui. Un demi-elfe. Les deux hommes se jugent un instant, leur regard glacial défiant l'autre de faire la moindre remarque, puis le premier se permet un léger sourire. Aucune émotion ne traverse cette moue, mais elle semble satisfaire - et rassurer - le second. Toujours sans un mot, il lui fit un signe de la main, l'invitant à passer sous une arche de pierre brune et irrégulière. Son invité n'y répond pas tout de suite, observant avant avec attention l'architecture de l'endroit où il se trouvait. Ce n'était ni une grotte, ni une cave, mais plutôt à la jonction entre les deux. Inutile d'être géologue pour se rendre compte que cette cavité n'avait rien de naturel ; cependant, elle était creusée sans élégance ni même logique. A certains endroits, le plafond permettait à peine à un adulte de passer sans se pencher, tandis qu'au centre, par exemple, il atteignait une hauteur assez titanesque, et ne laissant pourtant qu'une vague idée de la taille des tours qui devaient s'élever au-dessus. Finalement, le Voleur se décida à suivre l'autre. Il entrèrent dans une salle un peu plus basse et de dimensions moins effarantes. Néanmoins, les éclats brillants qu'on décelaient sur les parois de pierre révélaient les éclats de quartz qui y étaient naturellement incorporés, donnant une impression de ciel étoilé assez déroutante. Les deux hommes se dirigent vers une table de bois très simple, installée au fond de la pièce. Ils s'y assoient en silence, discrètement dévisagés par les elfes présents. Tous présentent une physionomie très proche, un peu comme s'ils étaient de la même famille. Ils sont de petites taille, ou moyens ; leurs muscles finement dessinés se devinent sous leur armure de cuir, de tissu et de métal léger. Même leurs regards semblent furtifs, si bien qu'ils peuvent surveiller quelqu'un sans même que celui-ci ne se sente observé.

    - Tu ne t'attendais sûrement pas à ça, lâche le demi-elfe après quelques secondes de silence.
    - Certes. C'est assez ... surprenant, admet l'autre d'une voix calme - presque un souffle.
    Son interlocuteur paraît flatté, mais il ne risque pas de commentaire. Non, il se contente plutôt de fouiller dans une poche accrochée à sa ceinture pour en retirer une fiole toute fine et remplie d'un liquide translucide. Comme de l'eau, ou de l'alcool, sauf qu'il ne ferait sûrement pas autant de cérémonie si c'était vraiment le cas.

    - C'est un poison discret, invisible, inodore. Mais rapide. Tu ne trouvera de ça que chez les elfes, je peux te le garantir. Ils sont très forts pour ce genre de truc, rajoute-t-il à mi-vois, avant de continuer, plus fort : A mon avis, c'est parfait pour ton affaire, comme ça tu pourras te tirer rapidement une fois ton travail accompli. Et difficile de différencier ce meurtre d'un cambriolage ordinaire. Un coup de couteau et c'est réglé.
    - Parfait, lui répond le Voleur en recueillant la fiole, la cachant dans une des innombrables poches de sa cape sombre.
    - Je t'ai aussi trouvé une carte de la rue, et une autre des alentours de la maison. Par contre, je n'ai pas de plan de l'intérieur, ça aurait été dur de se le procurer et tu ne m'as pas laissé beaucoup de temps. Si tu veux étudier tout ça, il y a une alcôve derrière toi, sous cette arche basse. Tu n'auras qu'à prendre une bougie.
    L'autre acquiesce, se lève et se dirige vers la petite pièce. Elle est meublée simplement, d'une table basse, d'une chaise ainsi que d'un lit minuscule. Le Voleur jette un coup d'œil aux cartes roulée sur le bois, puis s'installe devant elles, les parcourant d'un regard apparemment distrait, passant d'un point à un autre en une vitesse éclair, comme s'il traçait des lignes invisibles les reliant entre eux. Après de longues minutes de cet étrange travail silencieux, il abandonne les cartes pour enlever - enfin - sa longue cape grise, révélant une armure de cuir très fine, deux sabres plaqués contre son dos, et d'autres fourreaux vides - sûrement pas pour longtemps. Il la pose sur le lit, bien à plat, puis en sort la fiole, qu'il ouvre pour en appliquer le contenu sur ses deux armes ainsi qu'une dague, qu'il dissimule ensuite dans un étui situé contre son mollet. Fin prêt, il laisse sa cape sur le lit et retourne inspecter ses cartes. Imperturbable.

    "Je suis nerveux, affreusement nerveux. Ce n'est pourtant qu'une mission toute bête, je le sais bien, mais j'ai dû user de tous mes efforts pour rester calme et glacial devant Gall. Je l'aime bien, lui, il a des joies simples et, malgré son talent pour les potions en tous genres, il est bien un des seul à ne pas avoir essayé de empoisonner lorsque je suis devenu Maître de la Guilde - même si une ou deux de ses mixtures ont dû être utilisées à cette fin. Après avoir bien étudié le terrain, j'ai donc quitté notre repère. Le soleil avait disparu derrière la ligne d'horizon, plongeant Mören dans la pénombre. Je me suis engagé dans une ou deux ruelles, avant d'en trouver une parfaitement déserte, sur laquelle ne donnait aucune fenêtre, et j'ai grimpé dans le lierre pour retrouver ma voie préférée : les toits. Ceux de cette cité sont certes glissants et pentus, mais ils me permettent une meilleure visibilité, me donnant l'impression de dominer la situation. Aller jusqu'à la maison de ma future victime n'a pas été facile, pas du tout même. Souvent, j'ai failli tomber, poussé par un vent vicieux ; je me suis retrouvé à plusieurs reprises face au gouffre formé par une allée trop large ; j'ai été obligé de prendre mille et un détours pour arriver à destination. Mais je préférais ça à l'idée de croiser le regard curieux ou méfiant d'un passant nocturne. Après cette longue traversée de la ville endormie, je me suis enfin laissé glisser le long d'un mur, découvrant la maison de ma future victime. Enfin, si on pouvait appeler ça une "maison" ... Maintenant que je la vois, je comprends mieux pourquoi les Bâtisseurs veulent à tout prix s'en emparer, et je sais aussi pourquoi c'est à moi qu'ils ont fait appel. Enfoncée entre deux hautes tours, elle offre, arrogante, une façade ocre et presque lisse. Seuls deux escaliers, situés au dehors, permettent de s'échapper - en plus des toits, bien sûr. Et, à part son immense porte et quelques fenêtres - sûrement fermées - situées à l'étage, nul moyen de s'y glisser. Je grimace. Cependant, des conseils de mon Maître me reviennent à l'esprit, comme toujours lorsque je me sens coincé ou en difficulté. « Le Voleur n'entre pas dans une maison ; il s'y immisce, comme la fumée qui, après avoir emplie la pièce en quête de sortie, emprunte le moindre interstice pour atteindre l'extérieur. Ainsi, tu observeras chaque possibilité, chaque solution à ton problème, puis tu investira la demeure de ta victime» Rasséréné, je me dirige vers la porte, tout simplement, sortant sans un bruit ma dague de son étui. La lame se faufile dans la serrure, jusqu'à qu'un déclic, presque indécelable, se fasse entendre. Mon cœur rate un battement, et j'inspire un grand coup. Si les autres Voleurs me voyaient ... Effrayé par une simple mission, un simple assassinat. Je me force au calme, jusqu'à ce que je sente un frisson me parcourir le dos.
    Le frisson du meurtre.
    Lentement, je passe l'embrasure, puis referme derrière moi, sans un bruit. Je suis plus apaisé, plus sûr de moi ; je sais que quoi qu'il se passe, je ne ferai pas demi-tour. Mes pieds se posent sans un bruit sur le sol froid. La maison est parfaitement silencieuse. Endormie. Il ne me reste plus qu'à fouiller chaque pièce, une par une, jusqu'à trouver ma cible. Lui arracher quelques informations. Et le faire disparaître définitivement de la surface d'Azerin. Je ne ressens pas le moindre remord, pas la moindre hésitation. Je ne suis plus qu'une ombre, une simple machine à tuer. Je peux plus penser. Je ne veux plus. Soudain je m'immobilise, alerté par un bruit à l'étage. Léger. Comme une illusion. Sauf que ce n'en est pas une. Je ne suis pas seul."



Dernière édition par Maël le Dim 3 Oct - 19:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeDim 3 Oct - 19:12

A nightingale in a golden cage
That's me locked inside reality's maze
Come someone make my heavy heart light
It all starts with a lullaby



    Deux yeux de chats, d'un bleu intense, aux pupilles entièrement dilatées par l'obscurité ambiante, infiltraient les moindres particules de lumière et luisaient dans la nuit. Ils caressaient les flancs de la maison et suivaient leurs lignes droites et régulières. Ils cherchaient avidement les traces de vie d'un homme bon à mourir. Leur bleu de saphir se muait de noir et de gris, et la maigre flamme qui ondulait devant eux ne parvenait pas à leur redonner leur éclat naturel. Ils s'étaient enfermés dans le mutisme de l'inquiétude et observaient les coins sombres avec distances et intérêt. Des mèches de cheveux d'un noir de jais venaient barrer leur chemin et dissimulaient un instant les fantômes et leurs ombres furtives. L'atmosphère s'alourdissait à mesure que le temps avançait, et le tic-tac incessant de l'aiguille des secondes répondait aux battements de cœur qui résonnaient dans l'antre de la mort. Il s'affolait aux couinements des souris, et s'arrêtait devant le silence du sommeil. Gaïd soufflait doucement, annihilant chaque bruit que pouvait émettre son corps sur le parquet où les objets qui l'entouraient. Ils étaient nombreux et mal rangés, si bien qu'elle devait se glisser parmi les livres et les pots posés au hasard. Chaque pas devait s'adapter à un nouvel environnement. Le rangement n'était pas le point fort de sa victime, et elle pestait silencieusement contre elle. Elle se trouvait dans une salle qui regroupait cuisine et salle à manger. Une grande cheminée trônait au fond, l'antre encore fumante d'un feu récent. De petites braises rougeoyaient tendrement autour des branches calcinées. Gaïd passa rapidement devant la chaleur bienfaisante qui s'en dégageait, et longea un mur encombré de divers objets dont l'utilité lui semblait bien superflue. Le vieux bois qui tapissait le sol craquait sous ses pieds, et manquait de réveiller la maisonnée. Il était fissuré, et de petits rongeurs en sortaient de temps à autre. Ils couraient comme si leur vie en dépendait, et plongeaient sur les restes de repas qu'avait délaissé la famille. Leur butin atteint, ils s'engouffraient dans leurs antres lugubres et faisaient taire leur petits cris plaintifs et apeurés. Gaïd se reconnaissait dans leur regard effrayé, et se sentait comme une souris devant un piège alléchant. Elle devait réprimer les tremblements de ses jambes, et maintenir son courage au plus haut. Il commençait à lui faire défaut. Mais sa fierté le ramenait à l'ordre, et l'enfermait dans les gestes de la jeune fille. Elle devait réussir. Ce n'était même plus pour elle, sa réputation, ni pour l'argent, qu'elle continuait d'avancer. Mais son commanditaire connaissait sa mère et ses "mérites", c'était sa renommée qui était mise en jeu, et la Tsuan ne doutait pas une seconde qu'elle fut salit par un échec. Les hommes parlent beaucoup, bien trop à son goût. Ils lâchent des mots comme ça, sur un coup de tête, sans jamais mesurer leur porter et leur pouvoir. Leur bêtise faisait peine à voir, presque pitié. Égoïstes et idiots, ils parlent, sans réfléchir, sans rien d'autre en tête que leur vengeance où leur plaisir. Une mine de dégoût habilla le pâle visage de Gaïd, et l'encouragea à s'avancer.

    Une petite porte s'ouvrait sur un sombre escalier, qui montait aux étages. Elle s'y engouffra et monta lentement les marches. Chacune d'entre elle diminuait la distance qui la séparait de sa cible. Cette simple pensée la fit frissonner, et elle posa la main sur la rampe froide qui filait le long du mur. Soudain, elle se figea. Un bruit se fit entendre, léger, ténu comme un soupir dans la tempête. Gaïd ne bougeait plus, et écoutait le silence avec l'attention d'un chat éveillé. Elle tourna la tête vers le bas des marches, et ne rencontra que le vide inquiétant qui annonçait la présence d'un autre. Une âme qui l'avait suivi et qui avait pénétré à sa suite. Gaïd, qui avait resserré son emprise sur la rampe d'escalier, la relâcha vivement, et couvrit son visage de sa capuche. Elle souffla sur la bougie qu'elle tenait dans sa deuxième main, et la glissa encore chaude dans sa ceinture. La fumée se dissipait en laissant derrière elle les traces de son odeur. La jeune fille s'était évanoui dans les ténèbres. Elle n'était plus corps, mais ombre. Elle s'élança vers l'étage. Elle ne marchait plus, elle volait, aussi légère que rapide. Un couloir l'accueillit dans ses bras lugubres et froids, et l'avala quand elle y posa le pied. Elle disparaissait aussi aisément que le ferait un fantôme. Ses pas la guidaient vers le fond du couloir, le plus loin possible. Des portes couvraient les murs étroits, toutes fermées, ne lui laissant aucune issue de secours. Elle atteignit le bout du chemin, et se décida à entrouvrir l'une des portes. Un souffle chaud s'échappa de la chambre, et lui lécha le visage. Elle se faufila dans l'embrasure, et observa son nouvel environnement. C'était une pièce assez petite, dont les meubles se réduisaient à une haute armoire, une petite table, et un lit, vide. Une fenêtre laissait pénétrer la douce clarté de la Lune. Gaïd referma distraitement la porte, attirée par la lumière irrésistible du dehors. Elle s'approcha de la fenêtre, et jeta un œil discret à l'extérieur. Elle était derrière la maison, du côté opposé à la grande avenue. Elle était au-dessus d'une rue qu'elle ne connaissait pas, mais dont elle avait suivi le chemin sinueux sur sa carte, quelques heures plus tôt. Elle était vide. Nulle vie ne s'y mouvait, aucun évènement, aucun drame ne venait perturber le cours régulier et sombre de la ruelle. Ce n'était pas dehors, mais dedans que se jouait l'histoire. Gaïd s'arracha à la rassurante vision de l'astre nocturne, et se retourna vers la chambre. La fenêtre lui offrait de nouvelles perspectives, la fuite par exemple. Elle répugnait à cette idée, mais elle n'aurait certainement pas le choix. Néanmoins, si elle pouvait l'éviter, elle le ferait. Elle examina donc les recoins de la petite pièce. Elle y découvrit des trésors. Des trésors pour quelqu'un qui n'avait plus confiance en sa famille, mais qui en avait tout de même hérité un amour certain. Elle y trouva des lettres. Larmes d'une enfance disparue, écrits d'une fille qui s'était exilée à l'autre bout d'Azerin pour grandir et vieillir. La Tsuan se trouvait dans la chambre de l'un des enfants de la famille, de l'ainée plus précisément. Celle-ci s'était vue obligée de suivre sa route à son tour, et avait dû partir afin de travailler, et de gagner un tant soit peu sa vie. Ses souvenirs étaient resté cloîtrés entre les murs de son ancienne antre. Tout y avait stagné pendant des années, et demeurait encore. Ses affaires étaient immobiles, comme extérieures au temps qui passe. Gaïd reposa les lettres qu'elle avait trouvé, et se dirigea vers la porte. Des pas faisaient écho à son cœur, plus pressants que ses battements, plus menaçants que sa peur. Elle se colla contre la porte, et écouta.

    Elle hésita à ouvrir la porte, et sortir. Faire face à l'inconnu, se dévisager un instant, fuir ou se battre. Elle ne savait comment réagir, ni même si elle n'était pas en train de succomber à une illusion. Alors elle ne bougea pas. Elle ne fit rien, attendit patiemment, et s'imprégna de l'inquiétude qui émanait d'elle. Des centaines de questions se bousculaient dans sa tête, cherchant vainement leur réponse. Des possibilités, des techniques de combat, des paroles lancées ou des regards qu'elle donnerait à l'être qui l'avait suivi. Elle serra le pan de son manteau dans son poing, et avec l'autre, caressa la lame aiguisée de sa dague. Elle n'avait jamais connu d'autre sang que le sien. Cette lame qui l'avait accompagné dans les plus durs de ses entraînements, et qui jamais ne s'était abîmée sous les coups rudes d'Euriell. Gaïd rechignait à la souiller du liquide vital d'un autre. Elle sentit son coupant entailler son doigt sans broncher, et observa son propre sang couler sur la pureté argentée de la lame. Les gouttes glissaient jusqu'à la pointe, où elles se laissaient tomber. Elle sentit son esprit égaré revenir, et son objectif fut de nouveau sa mission. Elle prit une inspiration profonde, gorgeant ses poumons de l'air chaud de la chambre, et entrouvrit la porte. Elle se fondit dans le couloir, et disparut parmi les ombres. Elle posait ses pieds avec précision, mesurant la portée de ses gestes et de sa respiration. Elle passa devant les portes qui l'encadraient sans y prêter grande attention. Elle avait remarquer la première d'entre elle par les bruits qui en sortaient. Les ronflements venaient de cette pièce, c'était certain. Loin de se douter de la mort qui planait au-dessus de lui, le marchand dormait nonchalamment. Gaïd se demandait même comment sa femme faisait pour supporter tout ce bruit chaque nuit. Elle s'immobilisa devant le bois sombre de la porte, et observa les fissures s'y découpaient. Elle posa sa main sur sa dague, et baissa la tête. L'heure était venue. Elle avança sa seconde main sur la poignée de la porte, et la fit tourner délicatement.

    Elle releva brusquement la tête et fixa le vide. Des pas s'étaient arrêtés sur la dernière marche, derrière elle. Elle tourna légèrement la tête, gardant le dos face à l'arrivant. Sa capuche dissimulait ses traits, et lui donnait un aspect lugubre. Elle laissa s'échapper un soupir, et referma sa main sur sa dague, et la dégagea de sa ceinture. Il n'était plus temps d'avoir peur. Son cœur s'était étrangement calmé, et sa respiration se faisait tranquille. C'était la confiance qui devait dominer.
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeMar 26 Oct - 18:46


    « A Starlight, I will be chasing your starlight. »

    Le silence. Cet étrange silence. Le même que celui qui précède le violent orage. Celui aussi qui accompagne les accouchements, durant les quelques secondes qui précède les premiers cris de l'enfant. Celui encore qui règne sur les champs de bataille, lorsque les deux armées se jaugent avant de s'affronter. Celui enfin qui règne entre deux amants chez qui les mots ne suffisent plus. Le Voleur est immobile. Comme s'il n'allait plus jamais bouger ou bien, paradoxalement, comme s'il était sur le point de repartir, si rapidement qu'en un instant il aurait disparu à la vue de tous. Ses muscles sont crispés ; on devine leur courbure sous sa fine armure de cuir. Ses yeux parcourent la pièce à la recherche de l'auteur de ce bruit qui l'a arrêté. En vain. Qui que ce soit, il s'est tout simplement volatilisé. Les mâchoires de l'homme se serrent. Son regard se durcit, puis il se met en mouvement, avec cette grâce, si caractéristique des Voleurs, et qui rappelle dangereusement celle du serpent qui immobilise sa proie. Mortelle. Chacun de ses gestes parait calculé avec une précision terrible. Ses yeux gris parcourent la pièce vide. Elle est plutôt vaste, et semble réservée aux tâches des domestiques - qui doivent habiter dans les dépendances auxquelles mènent les minuscules portes situées sur le côté. Cette salle soit aussi servir à accueillir tous les les paysans, couturiers ou marchands de peu d'importance qui viennent rendre visite au maître des lieux, car quelques sièges sont installés autour d'une table en bois très simple et sont probablement utilisés pour les faire patienter et pour y négocier. Le propriétaire de cette demeure semble séparer avec soin sa vie professionnelle de sa vie privée, qui doit, elle, se dérouler à l'étage. Le Voleur quitte très vite la pièce - il n'y a rien à y voir - et se dirige vers un tout petit escalier dont les marches de bois s'enroulent autour d'un pilier de pierre grise. A peine assez grand pour qu'on puisse considérer qu'il mène vers un autre étage. Ses pieds se posent délicatement sur le chêne usé, qui parait retenir les bruits tant il est silencieux pour son âge. En quelques instants, l'homme a rejoint le palier supérieur, qui s'ouvre sur deux pièces : un bureau où trône une gigantesque bibliothèque, et une cuisine qui semble également servir de salle à manger, car des restes de repas encombrent la table. Une seconde salle qui doit pâtir de sa proximité avec la bibliothèque, comme le montrent les livres qui traînent au sol, les parchemins qui s'amassent sur la table, les plumes tachées d'encre que l'on aperçoit dans les endroits les plus incongrus. D'autres bibelots sont visibles dans la pièce, tous plus inutiles les uns que les autres, mais mis en valeur avec un soin presque maniaque pour quelqu'un qui se préoccupe aussi peu du rangement. Bien que sa future victime ne se trouve pas ici, le Voleur se dirige vers le fond de la salle, comme attiré par un détail qu'il serait le seul à voir. Il s'approche de la fenêtre, caresse distraitement les volets, observe les vitres ouvertes. Un sourire préoccupé apparaît sur ses lèvres, et il fait soudain demi-tour, serpentant entre les objets qui tapissent le sol, évitant les lattes du parquet qui, trop abimées, risqueraient de grincer. Il ne prête pas d'attention aux rongeurs qui s'enfuient sur son passage, emportant leur maigre butin, et retourne à l'escalier, dont une partie - nettement plus imposante que la première - s'élance vers l'étage. Il posa un pied sur la première marche, inspire, ferme les yeux. Puis, comme satisfait par ce qu'il a entendu - ou n'a pas entendu - il continue sa marche, toujours avec cette même souplesse. Promesse de mort.

    "Je sais qu'il est là. Je sais que je n'ai pas rêvé. Le cliquetis que j'ai entendu en arrivant est trop semblable à celui que pourrait produire les volets que j'ai vu dans la cuisine. Mais je sais aussi qu'il n'ignore pas ma présence. Déjà parce que je n'ai fait assez attention en ouvrant la porte. N'importe qui, en tendant l'oreille, l'aurait entendu dans cet assourdissant silence. Ensuite parce, trop préoccupé par ma découverte, je n'ai pas marché avec assez d'attention. Et, forcément j'ai fait du bruit. Presque rien. Mais c'était déjà trop pour une personne attentive. Il est en haut. C'est le seul endroit où il a pu se réfugier s'il n'a pas fui. J'aimerais que ce soit le cas. Que, comprenant qu'il n'est pas seul, il s'en aille et me laisse accomplir tranquillement ma mission. Mais j'ai peur que ce ne soit qu'un rêve, un très joli rêve. Est-ce un traquenard ? Un piège ? Qui est la véritable cible de cet intrus ? Le Marchand ... ou bien moi ? Ces questions sans réponse m'insupportent. Mais je ne dois pas me laisser troubler. Je dois continuer à avancer. Je dois réussir à arracher des informations à cet homme avant que l'autre ne le fasse. Et, surtout, je veux savoir qui est ce nouveau-venu. Ce grain de sable dans l'engrenage si parfait de mon plan. Je sens mes sabres dans mon dos, comme une présence rassurante ; je ne me laisserai pas faire. J'inspire profondément et silencieusement, puis m'engage dans l'escalier. A chaque fois que mon pied se pose sur une marche, je crains de l'entendre craquer, et pourtant, à chaque pas, je sens le soulagement m'envahir quand je comprends qu'il n'en est rien. Je ne veux pas qu'il sache que je me rapproche de lui. Il doit savoir que je ne le laisserai pas s'en tirer à si bon compte. Je vais lui faire la peau. Cette certitude m'obsède. Je m'étais mentalement préparé à une mort, et il y en aura deux. Tant pis. Après tout, ce n'est pas ma faute. Mes pas me rapprochent inexorablement du haut de l'escalier, sans que je ne puisse savoir ce qui m'attends en haut. Ce silence ... J'y guette le moindre souffle, le moindre signe m'indiquant une présence, mais tout bruit suspect serait de toute façon étouffé par les ronflements sonores qui s'échappent de la chambre de la victime. Mon cœur bat à tout rompre sans ma poitrine. Pourquoi ne se calme-t-il pas ? Je n'ai pas peur. C'est à peine si je suis anxieux. Je me sens invincible, comme toujours lorsque je vais commettre un meurtre. Deux meurtres, cette fois. Dans mon esprit, comme toujours, défilent les images du moment où ma vie a changé. L'instant presque figé où la lance n'était plus qu'à quelques millimètres de la poitrine de Felhim ... la secousse qui l'agita lorsqu'elle s'enfonça dans sa chair ... son regard, chargé de haine ... Je secoue la tête. Je ne ferai plus les mêmes erreurs. Ni le Marchand ni l'intrus n'auront la moindre chance de me blesser. Fort de cette décision, je gravis les dernières marches avec plus de vigueur - et, sans doute, plus de bruit. Arrivé en haut, je m'arrête quelques instants. Le temps que mon regard s'habitue au peu de luminosité du couloir. Et je distingue très vite une silhouette sombre et fine, tapie contre la porte d'où proviennent les ronflements. Ainsi, c'est aussi pour lui qu'il est là. Savait-il que je devais venir ? Je me le demande encore ... "

    Le silence, oppressant, semble ne vouloir jamais cesser. Et plus il avance, moins on a envie qu'il se brise. C'est une peur superstitieuse, cette peur stupide qu'un simple bruit vienne bouleverser l'ordre des choses. Étrange, ce que les humains, et même la plupart des êtres habitant Azerin, peuvent s'inventer comme frayeurs ... Le Voleur ne semble pas se décider à bouger. Il reste immobile, à contempler l'autre, tandis que sa main caresse distraitement la garde d'une de ses dagues. Il prend bien garde à ne pas frôler la lame, cependant, sûrement conscient, au fond de lui-même, qu'elle est suffisamment couverte de poison pour qu'une simple coupure soit mortelle. L'autre personnage s'est légèrement redressé, et sa main se rapproche doucement, inexorablement de son arme. Il compte donc se battre. Enfin, "il", rien n'est moins sûr. En effet, ce nouveau venu parait quelque peu frêle pour être un homme, mais la cape sombre qui le - la ? recouvre masque d'éventuelles formes permettant de déterminer son sexe. Soudain, le Voleur s'avance, de son pas souple et léger, chacun de ses gestes dégageant une grâce reptilienne. Dans un mouvement parfaitement naturel, ses mains se croisent au-dessus de sa tête, tandis que ses doigts se referment sur la garde de ses sabres, qui sortent de leur fourreau avec un chuintement feutré, à peine perceptible. Il assure sa prise, puis, gardant l'une de ses armes le long de corps, il amène l'autre à quelques centimètres de la nuque de l'inconnu. Mais, alors que le métal va le frôler, il interrompt son mouvement, amène son second sabre au-dessus du premier et, les positionnant comme un ciseau démesuré, immobilise chacun de ses lames à quelques millimètres à peine de la capuche de son adversaire.« Je ne sais pas qui tu es, je ne sais pas qui t'envoie, mais je te jure que si tu fais le moindre mouvement, ce sera la dernière chose que tu auras faite dans ta misérable vie » souffle-t-il d'un ton glacial et au moins aussi tranchant que sa propre arme.

    "Il n'a pas l'air inquiet. Elle, plutôt. Même s'il est difficile d'en juger en ayant pour seul référenciel une silhouette enveloppée dans une large cape noire. De même qu'il est dur de savoir si elle est réellement calme, ou bien si elle contrôle parfaitement son inquiétude. Aucune de ces hypothèses ne me paraît meilleure qu'une autre ; dans tous les cas, cette absence de souffle précipité ou de battements de cœur désordonnés signifient que j'ai affaire à une professionnelle. Cependant, je maîtrise moi aussi toute angoisse qui pourrait me venir. Je sais ce que je fais, ce n'est pas ma première fois. Je suis pourtant assez impatient d'entendre l'autre répondre, espérant sans doute que le ton de sa voix m'en apprendra plus sur elle que sa silhouette. Sans trop y penser, je réajuste ma prise sur mes sabres, et la pointe de l'un d'eux accroche un bout de tissu, révélant une peau pâle - trop pâle - et quelques mèches de cheveux. Je fronce les sourcils. Ce doit être l'obscurité qui me joue des tours. Ils ne peuvent pas être bleus. Non. Pitié. Mais je suis bien obligé de me rendre à l'évidence. Du peu que je peux en apercevoir, celle qui mets ce soir mes plans en péril a en effet une peau presque translucide tant elle est blanche, et une chevelure de couleur pour le moins inhabituelle. Dans mes veines, mon sang semble s'être figé. C'est une Tsuan."


Dernière édition par Maël le Mer 7 Déc - 21:41, édité 4 fois
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeMar 26 Oct - 22:29

Make me guess if the earth is flat or round
Set a guessing if fantasies are unbound
If tales aren't just for children to see
That it's peace if sleep walks with me


    La main gauche toujours refermée sur la poignée glacée de la porte, Gaïd sentit celle-ci s'entrouvrir dans un soupir. Un léger souffle d'air, comme dans la chambre qu'elle avait déjà visité, lui caressa le visage et apaisa ses craintes. Les ronflements se firent plus sonores, tandis que les pas se rapprochaient derrière elle. Elle observa à la dérobée ce qui se passait dans la pièce qu'elle devait peindre de sang. Il y avait un grand lit éclairé d'une lumière chaleureuse mais faible, où l'on devinait des corps assoupis. Une bougie semblait s'être élevée au rang d'astre afin d'illuminer le sommeil bruyant de ses propriétaires. Une petite devenue la source de lumière la plus importante, un faible autoproclamé fort. De telles choses n'arrivaient pas. Dans ce monde, naître petit était un arrêt de mort, ou de façon plus optimiste, un arrêt de vie. Peut-être avait-elle visé trop haut. Une troubadour était une troubadour, pas un assassin. Comment un être aux sens décuplés par les arts, par la beauté et la légèreté, par les secrets d'un monde que seul l'imaginaire peut atteindre, un être dont le corps s'est sculpté au rythme de ses danses, peut il se retrouver dans le meurtre? Le sang n'avait pas de charme lorsqu'il coulait vers la mort. Gaïd laissa la porte ouverte, et recueillit les particules de chaleur sur son visage de soie et d'ombres. La lueur de la bougie s'affaiblissait. Le rayonnement de la petitesse était sans doute plus éphémère que celui de la noblesse. Comme la vie est injuste. Comme le temps semble long lorsque sa vie est suspendu à la lame d'une arme. Non. Gaïd serra sa main, et elle lâcha la poignée de la porte. Le destin ne serait pas synonyme de fatalité. Elle représentait le lien entre le réel et le rêve, elle était fantôme et réalité, et le destin succomberait lui aussi à sa volonté. Elle reprit la plume qui écrivait sa vie, et commença un nouveau paragraphe.

    Sa main gauche glissa imperceptiblement le long de son corps, jusqu'à l'une des poches invisibles qui se dissimulaient dans les plis de sa cape. Elle sentit le corps dure et impitoyable d'un petit poignard. C'était sans doute l'un des plus aiguisé, sinon le plus, il ne lui avait que peu servi mais elle le choyait. Il avait appartenu à une lumière de son passé. Elle l'avait toujours eu sur elle, sans trop savoir d'où il venait exactement. Mais un signe y était gravé, rappelant étrangement un collier qu'elle avait déjà croisé, une nuit d'anniversaire. Elle sourit. Angélique. Elle avait le visage innocent d'un enfant, elle vola également ses émotions. Elle se sentait comme la naïveté devant une nouvelle expérience, comme si rien n'avait su la souiller depuis sa naissance. Elle se sentait pure, immaculée, mais avait toute sa lucidité. Un étrange froid envahi son corps, s'infiltrant dans ses veines et provoquant comme une folie enivrante et meurtrière. Elle se sentait prête à se défendre, et se savait à armes égales avec l'inconnu. Celui-ci s'était approché, mais malgré la sûreté de son pas et de son souffle, elle reconnaissait les indices de la surprise. Pourtant, il était le seul à savoir pourquoi il était là, et aussi le seul à savoir pourquoi elle s'était trouvée devant la porte, au milieu de la nuit. Elle avait un train de retard, mais une information si infime et si peu importante que Gaïd n'en vivait pas la différence. Sa main se referma sur le poignard comme le couvercle d'un cercueil sur le corps qu'il emportait pour l'éternité. Son sourire ne s'effaçait pas. Sans doute l'inconnu savait qu'elle avait saisi sa dague, mais le poignard qu'elle serrait de sa main gauche, la main du cœur, était un danger qu'il n'avait pas dû percevoir. De plus, sa botte renfermait un secret autrement plus effrayant. Elle entendit un vêtement se plisser, et tourna doucement la tête. Elle observa les bras de l'homme se lever, et craignit un instant qu'il l'assomma. Elle se prépara à esquiver, mais n'eût pas besoin de bouger.

    Son regard coula le long des muscles de l'inconnu, et se posa sur le brillant de deux lames qu'il dégageait de son dos. Qu'il fasse un seul mouvement rapide, et il sentirait passer la réplique. Mais il n'en fit rien. Elle sentit le coupant d'une lame se poser sur son épaule. Elle tressaillit sous la sensation abrupte et inamicale de l'arme. Elle n'eût pas le temps de réagir, ni le réflexe d'ailleurs. Une seconde lame effleura son cou. Elles se croisaient maintenant sur sa nuque, comme des ombres menaçantes. Gaïd souffla en sentant les coupants se rapprocher de son visage. Elle n'était pas réellement inquiète quand à la tournure des choses. Elle avait plusieurs portes de sortie, et elle comme l'autre étaient en danger si l'un d'eux faisait un geste trop brusque. Ils étaient tout deux à la merci du sommeil du commerçant. Gaïd avança son pied vers la porte, et l'ouvrit un peu plus encore. Un filet de lumière éclaira un instant sa capuche, puis elle recula son pied, lentement, retournant dans l'ombre complice. Elle attendit un moment. Un geste, un mot de celui qui pensait tenir sa vie entre ses mains. Quelle mascarade. Gaïd se sentait sûre d'elle, elle n'aurait qu'à bondir dans la chambre pour éviter les ciseaux de sabres. Le bruit éveillerait alors la maisonnée, et elle n'aurait qu'à fuir par la fenêtre pour échapper à la mort. L'inconnu en ferait sûrement de même, à moins qu'il décide de tuer le couple. Mais l'alerte serait donnée, et il n'y pourrait rien. De toutes façons, elle sortait vivante, et vainqueur. Elle répugnait à fuir, mais si c'était la seule solution, elle ne jouerait pas à l'idiote trop téméraire et trop certaine de sa force. Elle savait parfaitement que dans l'immédiat, elle n'avait pas le dessus. Elle devait allez dans ce sens, et dissimuler jusqu'au bout l'issue qui lui tendait les bras. Les yeux toujours rivés sur le corps de son adversaire, elle attendait...

    « Je ne sais pas qui tu es, je ne sais pas qui t'envoie, mais je te jure que si tu fais le moindre mouvement, ce sera la dernière chose que tu auras faite dans ta misérable vie »

    Elle aurait voulu répliquer sur le même ton insolent, jeter dédaigneusement un "Reste donc poli, si on en est là tous les deux, c'est que tu es aussi misérable que moi", mais elle raterait alors la plus belle occasion de se taire. Mais elle se sentait encore plus confiante qu'auparavant. Il avait parlé. Son but premier n'était pas de la tuer, malgré sa présence ici. Elle devait le contrarier plus qu'autre chose. S'il avait été un ami de la famille, il ne lui aurait pas laissé sa chance. Il venait donc pour la même raison qu'elle. Elle avait obtenu son information sans même ouvrir la bouche. De plus, il agrandissait l'ouverture de sa porte de sortie. Il avait parlé, preuve qu'il ne la tuerait que sous conditions. Mais ce n'était pas son intention. Elle n'avait qu'à obéir et se tenir tranquille. Seuls les imbéciles parlent à leurs victimes pour ensuite les tuer. Les imbéciles sûrs de leur coup, croyant avoir tout prévu dans les moindres détails, incapables d'imaginer une quelconque fuite, un quelconque cri. Les autres, qui osent dévoiler le son de leur voix, laissent un sursis. Comme une marque de confiance d'une valeur inestimable. Ils obtiennent ce qu'ils veulent pour peu que les témoins connaissent la loi du silence. C'est une menace sourde et invisible. Les vrais tueurs opèrent dans le mutisme, dans l'ombre, pas par lâcheté mais par expérience. Si c'est être lâche que d'assurer sa propre survie en condamnant celle des autres, alors il n'y a pas d'alternative entre la lâcheté et l'arrogance. Il avait parlé, révélant alors sa voix, ce qui pouvait lui être fatal, pour peu qu'elle s'en sorte. Il venait de livrer une infime part de son identité. Mais il devait aussi être conscient que si elle osait le dénoncer, elle se ferait prendre. Personne ne se balade impunément dans les maisons en pleine nuit. Alors, autant suivre le mouvement.

    Elle sentit une accroche dans sa cape, et perçut la caresse de sa capuche contre sa joue. Il avait du bouger, car une partie de son visage s'était découverte, faisant tomber un morceau de son masque. Elle baissa la tête, dissimulant sa face, et fit retomber le bord de son manteau sur son front. Seuls son nez et ses lèvres étaient désormais visibles. Sa capuche était ample et couvrait d'ombre ses yeux, sans gêner sa propre vue. Elle tourna la tête vers le bois de la porte, et tendit le bras droit, doucement. Elle tenait encore sa dague, et la dévoila à l'inconnu. Elle allait faire place à l'une des facettes de sa personnalité, celle qui usait de diplomatie. Elle n'aimait pas s'en servir, car la seule définition qu'elle collait à ce mot, et surtout à ce comportement était: La Raison au service de l'Hypocrisie. Toutefois, elle ne put retenir une once d'ironie dans le timbre de sa voix.

    "Ne t'inquiète pas trop vite, je ne fais que me retourner. J'aime savoir à qui j'ai affaire. Si tu ne me fais décidément pas confiance, tiens.


    Elle secoua le poignet, faisant briller sa dague et entrechoquant le métal avec la pointe de flèche qui ornait son bracelet. Une pierre aussi pâle que sa peau brillait dans le creux du pommeau. Une pierre de Lune. Gaïd se promit de la récupérer, de gré ou de force, mais elle devait agir intelligemment et ne pas jouer aux effrontées, et ce, malgré son désir fou de se rebeller. Elle attendit un instant, esquissa un mouvement, et pivota. Elle observait le doute dans les moindres gestes de l'individu qui lui faisait désormais face. Il aurait eût tort de baisser sa garde de toutes façons. Ni l'un ni l'autre ne semblait s'émouvoir particulièrement de la situation. Les deux avaient déjà dû vivre ce genre de chose. Le sourire de Gaïd ne faiblissait pas. Il formait un arc gracieux sur ses lèvres. Je ne sais si les Tsuans sont tous dotés de beauté, mais il se trouve que Gaïd n'était pas la plus laide. Des reflets argentés s'insinuaient dans les courbes de son visage. La tête toujours penchée, elle observait l'inconnu. Elle joua avec la lumière et dissimula encore mieux son bras gauche, qui serrait, plus nerveusement maintenant, son petit poignard. Elle voyait à présent les sabres qui lui enserraient toujours le cou. Des armes magnifiques, elle n'avait pas affaire à n'importe qui. Le coin de ses lèvres s'abaissa légèrement lorsqu'elle fit cette conclusion, mais elle lutta pour ne pas perdre son masque froid et distant. Elle se demanda tout de même ce qu'avait bien pu faire l'homme qui ronflait béatement derrière elle, pour s'attirer les foudres d'un professionnel, et celles d'une "contractuelle" à mi-temps. Il lui semblait maintenant qu'elle avait rattraper son retard; elle voyait le visage de l'inconnu, tandis que lui n'en verrait qu'une partie. Peut-être ferait-elle preuve de générosité et ôterait alors sa capuche, mais il lui en coûterait certainement beaucoup trop. Elle y réfléchirait... un jour.

    -Sans doute ne sais-tu pas qui je suis, mais rassure toi, cela est réciproque. Malheureusement ce n'est pas dans mon intérêt de te donner mon nom. Aussi ne te le donnerai-je pas. Mais avant que tu ne décides de ce que tu feras de ma vie, sache que les ronflements que tu entends à côté ne couvriront pas mes cris, et ma mort ne sera pas pour toi une délivrance."


[je ne sais pas toi, mais j'adore notre rp! =D]
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Maël
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeMar 23 Nov - 20:24

    « Until the end of my life, I don't know if it's worth feeling anymore »


    "Dans mes veines, mon sang semble s'être figé. C'est une Tsuan."

    Le Voleur s'est immobilisé, ses lames posées en ciseaux tout contre le cou de l'intruse, l'une d'elle menaçant de déchirer une mince bande d'étoffe sombre appartenant à la capuche. La scène semble ne jamais vouloir changer. Ils s'observent, ils se jaugent. L'un paraît imperturbable, cachant une apparente surprise sous un masque d'indifférence. L'autre, tout aussi calme, serre deux poignards avec l'énergie et la force de ceux qui sont prêts à en découdre. L'une des armes est visible ; l'autre, cachée par les plis de la cape et habilement portée de manière à ce qu'elle ne puisse se voir, ne peut qu'échapper à l'attention du Voleur. Qui, d'ailleurs, semble trop absorbé par le visage de l'inconnue pour s'intéresser au danger qu'elle représente. Seul son regard, heureusement caché dans l'ombre, trahit ses émotions. Il semble lointain, très lointain, comme plongé dans des souvenirs qui, au vu du léger pli de ses lèvres, ne doivent pas être agréables. A moins que ce ne soit les conditions dans lesquels ils lui reviennent qui lui déplaisent. Sa poitrine, néanmoins, se soulève lentement, comme s'il était aussi calme que quelqu'un qui va acheter deux ou trois fruits au marché du coin. Il ferme un instant les yeux, inspire lentement, les rouvre. Le regard toujours fixé sur l'intruse. Les ronflements se font plus bruyants, mais ils les ignorent, trop occupés à s'observer, tels deux félins hésitant encore à se jeter l'un sur l'autre. C'est d'ailleurs le cas ; impossible de deviner lequel des deux va attaquer en premier. Cependant, c'est pour l'instant le Voleur qui a l'avantage, comme le témoignent ses deux sabres posés sur le cou de son adversaire. Celle-ci promets toutefois quelques surprises, et il a tout intérêt à se méfier autant d'elle que d'un serpent venimeux trop endormi pour être honnête. Dans son sommeil bruyant, le Marchand ignore tout de ce qui va lui arriver. Il va mourir, bien sûr. Impossible pour nous, observateurs extérieurs, d'en douter. Mais de là à savoir qui va lui infliger le coup fatal ... La Tsuan est plus proche de la porte, et donc de son éventuelle victime, mais le Voleur a sur ses armes tant de poison qu'une seule égratignure serait fatale à l'homme endormi ; les deux assassins sont à armes égales.

    "Comment la simple vision de cette Tsuan peut-elle me mettre dans un état pareil ? J'en ai déjà vu, déjà croisé, depuis que je suis un Voleur. Il y en a même quelques-uns dans ma Guilde. Bien sûr, je ne leur ai jamais adressé la parole - je ne me suis même jamais retrouvé aussi proche d'un d'entre eux qu'à cet instant. Je ne pourrai pas la tuer. Jamais. Ça ne fait pas partie de mon code d'honneur, je n'aurais aucune honte à la faire disparaître de ce Monde. Du moins, aucune honte publique. Car, à la seule pensée de porter la main sur elle, mon esprit semble se tordre, refusant furieusement cette hypothèse. Il y a forcément un moyen de ne pas faire ça ... Il y a toujours un moyen. Réfléchis Maël, réfléchis. Je pourrais partir et la laisser terminer sa besogne, mais elle en a trop vu, et, étant Maître de la Guilde, je ne peux décemment pas échouer dans une mission. Ce serait la porte ouverte à toutes les tentatives d'assassinat, de renversement de pouvoir, et j'en passe. En gros, des choses se terminant par ma mort, et si possible dans d'atroces souffrances. Ça ne me tente pas trop. Il me faut donc trouver autre chose que ma fuite ou sa mort, et vite, avant qu'elle ne se décide à m'attaquer enfin. Je resserre légèrement ma prise sur mes sabres, non pour me décider à l'attaquer, mais pour éviter qu'ils ne glissent et la blessent par mégarde. Si son sang touche ma lame, elle mourra immédiatement. Après quelques secondes, voire minutes, de pure souffrance, dues au poison - tout dépend de sa propre résistance et de son désir de rester en vie. Mais qu'importe. Je ne devrais même pas songer à cette hypothèse. Cependant, mon malaise s'intensifie, et j'en viendrait presque à maudire les deux Tsuans qui m'ont autrefois sauvé la vie, m'empêchant à jamais de toucher un seul cheveu de l'un des leurs. Le simple souvenir de la souriante Maïna me sert le cœur. Et si ... et si c'était elle ? Non, je suis bête, ses cheveux n'étaient pas de cette couleur. Je ne devrais pas laisser mon imagination s'emballer ainsi."

    "Ne t'inquiète pas trop vite, je ne fais que me retourner. J'aime savoir à qui j'ai affaire. Si tu ne me fais décidément pas confiance, tiens."

    Avez-vous déjà observé deux félins agressifs ? L'un d'eux a pénétré sur le territoire de l'autre, qui l'a surpris et n'est pas très enthousiaste en le découvrant. Euphémisme. Il est furax et rêve de lui décoller la peau des os. La colère se lit dans son regard jaunâtre, ses babines se retroussent sur des dents fines comme des aiguilles, ses griffes acérées sont plantées dans la terre comme elles se figeraient dans la chair de l'intrus. L'autre, refusant de se soumettre a adopté une position si identique que seul un miroir aurait pu la reproduire aussi précisément. Et pourtant, ils ne s'attaquent pas ; ils se jaugent, se menacent, se tournent autour, cherchent points forts et points faibles, feintent ... L'homme est semblable à l'un de ces chats et, à choisir, ce serait plutôt celui à qui l'on a pris le territoire. En effet, impossible ne pas voir que tous ces gestes sont rythmés par une habitude, par des réflexes que seule l'expérience répétée de ce genre de situation a éprouvés. Si léger dans ses appuis qu'un souffle de vent pourrait l'emporter, et toutefois si solidement campé qu'une tornade ne pourrait le déraciner. Si indifférent que les ronflements ne paraissent pas le toucher, mais si attentif que le moindre grain de poussière s'envolant du parquet reste gravé dans sa mémoire. Si impitoyable que ses lames semblent prêtes à trancher la gorge d'une pauvre inconnue se trouvant simplement sur sa route, et cependant si hésitant qu'il n'était pas encore passé à l'acte. Un paradoxe vivant. Un Voleur, en somme. Le léger bruit métallique indiquant la présence du poignard fait enfin réagir l'assassin, qui s'en saisit sans quitter l'intruse des yeux. L'arme mérite pourtant un peu plus d'attention. Habilement forgée, son pommeau comporte de plus une pierre très claire à l'éclat lunaire, et sa lame finement aiguisée ne semble demander que le sang, avec cette insistance étrange des armes créées pour tuer. Les sabres du Voleur ne sa baissent même pas, ne laissant pas d'autre marge de manœuvre à la Tsuan que les quelques mètres qui la séparent du mur, dans son dos. Largement suffisant pour esquiver - un enfant arriverait - mais une contre-attaque demandera bien plus d'agilité. Bien sûr, la jeune femme semble assez bien taillée - fine et musclée à ce qu'on peut en voir sous sa cape - pour pouvoir se débrouiller contre un Voleur quelconque. Mais ce n'est pas un simple pick-pocket. Tout dans son attitude, dans son maintien, dans ses paroles elles-mêmes, montrent une habitude d'être obéi et, surtout, son corps présente les marques d'un entraînement aussi difficile qu'efficace.

    "Sans doute ne sais-tu pas qui je suis, mais rassure toi, cela est réciproque. Malheureusement ce n'est pas dans mon intérêt de te donner mon nom. Aussi ne te le donnerai-je pas. Mais avant que tu ne décides de ce que tu feras de ma vie, sache que les ronflements que tu entends à côté ne couvriront pas mes cris, et ma mort ne sera pas pour toi une délivrance."

    "Ah, elle croit ça ? Je sens un frisson parcourir mes épaules, m'incitant à agir enfin et à refermer le piège de mes sabres. Mais non, je ne le ferais pas. Enfin, pas tout de suite. Si cette pitoyable Tsuan n'avait pas parlé, sans doute n'aurais-je pas changé d'avis. Je l'aurais épargné sans aucune hésitation. Mais son ton froid m'a réveillé. Elle n'a rien à voir avec celles qui m'ont accueilli et soigné. Absolument rien. Mon hésitation s'est transformé en dégoût. En fait, elle n'est qu'une de ces manipulatrices glaciales ; jamais Maïna ou sa mère ne se faufilée dans la maison d'un Marchand anonyme, la nuit, pour le tuer dans son sommeil. Sa lâche tentative pour sauver sa peau aura au moins eu un avantage : m'en apprendre sur ses méthodes. Elle n'est pas du genre à se laisser désarmer sans rien faire, c'est évident. Sinon elle m'aurait supplié avec un peu plus d'entrain. Ou elle se serait battu - à moins qu'elle ne craigne de perdre en combattant à la loyale. Je dois donc craindre un piège ou une autre ruse du même acabit. Très bien, si elle veut jouer à ça, j'ai d'excellentes cartes en main. Déjà une Initiation avec le plus fourbe Voleur que la Guilde ait jamais connu. Et quelques tentatives d'assassinats ratées, à mon encontre, ont suffi pour m'en apprendre au moins autant sur les ruses, auxquelles recourent les personnes les plus décidées. Une dernière fois, j'observe mon adversaire. Elle doit avoir une arme cachée quelque part. Dans sa cape ? Le long de sa jambe ? Ou bien de son flanc ? Je ne dois négliger aucune éventualité. Alors que mon esprit calcule à la vitesse de la lumière, je me laisse peu à peu bercer par cet état de sérénité et d'assurance, dans lequel j'aime me baigner avant de passer à l'attaque. Il me donne des forces - du moins c'est ce que je crois - et le croire me suffit pour ne jamais rater ma cible. Même si je ne la touche pas toujours de la manière que j'avais prévu ... Mais qu'importe. J'ai assez tergiversé. Rapide comme une flèche traversant les airs, je range mes sabres dans leur fourreau, ne gardant que le poignard qu'elle m'a confié, et je me déplace sur sa droite, me trouvant ainsi sur son flanc le plus exposé. Puis me penchant dangereusement vers elle - presque dangereusement - je murmure quelques mots au creux de son oreille. Non, pas 'quelques' mots. Juste deux."

    « On parie ? »

    Un chuchotement. Non, plus discret que ça. Un souffle chaud, tout juste articulé, à un centimètre à peine de la cape de la Tsuan. Puis, sans attendre, le Voleur feinte à gauche, exposant un instant à peine un de ses bras - celui qui tient le poignard qu'elle vient de lui confier- puis, dans un agile recul, libère le-dit bras et l'arme qu'il tient dans sa main. Fourbe. La lame brille un instant dans la lueur de la lune qui filtre sous les portes du couloir, puis s'abat dans un arc de cercle quasi-invisible du fait de la vitesse, entaille la joue de l'intruse, retourne hors de portée. Fourbe et violent. Ne s'attardant pas sur la larme de sang qu'on devine sur la partie non cachée du visage de la Tsuan. A peine son attaque terminée, il se baisse pour éviter une riposte avant même de savoir s'il y en aura une, tend sa jambe droite dans le but évident de faucher les jambes de sa rivale. Il n'en touche une mais, imperturbable, continue son geste, jusqu'à ce qu'il sente que la résistance faiblissait et que les muscles relâchaient. D'un mouvement léger, il se redresse et tend les mains vers ses sabres, les glissant hors de leur fourreau comme si celui-ci était inexistant. Il ajuste sa garde, se campe solidement sur ses pieds, puis enfin, relève les yeux. En attente de l'impact.

    [Han, j'ai honte de poster ça T_T Ou comment bousiller un joli RP, ahum. Si ça ne te va pas, je re-tenterai, mai ça fait un moment que tu l'attends et c'est le mieux de ce que j'ai réussi à faire - comme quoi, ça vole pas haut. Désolée =/ ]


Dernière édition par Maël le Mer 2 Mar - 14:41, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Comment deux arcs peuvent avoir la même cible.   Comment deux arcs peuvent avoir la même cible. Icon_minitimeLun 28 Fév - 19:47

Hear me sing
Watch me dance
Play that lute of thine
And share with me this dance

    Elle profitait de la surprise -ou de la haine, elle ne parvenait pas à faire la différence dans l'obscurité- de son opposant pour le regarder de façon plus minutieuse. Elle décortiquait les parties de son corps qui pouvaient s'avérer dangereuses pour elle et sa vie. Il était fin, mais sa cape dissimulait, c'était l'évidence même, une puissance supérieure à la sienne. Elle ne gagnerait jamais de front. Ce constat avait déjà été fait quelques instants auparavant, mais la réalité l'affirmait, lui faisait prendre conscience du jeu sinistre dans lequel elle s'était engagé. C'était du quitte ou double, et malheureusement, la mise n'était pas une simple somme d'argent. Gaïd n'était pas du genre à abandonner ou à céder au désespoir, mais la crainte s'était emparé d'elle et refroidissait son sourire. La commissure de ses lèvres s'affaissait au rythme des secondes qui se jouaient d'elle et de son mental. Elle se concentrait sur les moindres détails qui pourraient peut-être l'aider à deviner les actions futures de son adversaire. Son visage, ses yeux qui se fondaient dans l'ombre du couloir, ses lèvres pincées en un rictus sévère lui annonçaient l'imminence d'une attaque. L'heure des bavardages avait cessée. Il n'était pas là pour elle et n'allait pas se formaliser d'un cadavre en plus. Il ne devait pas en être à son premier coup, et si elle ne mettait pas fin à sa carrière ce soir même, ce ne serait pas non plus le dernier. Elle releva la tête, gardant les yeux sous sa capuche, mais dévoilant une plus grande partie de son visage. Sa pâleur reflétait la faible lumière, et lui donnait une apparence spectrale. Une mèche de cheveux rebelle barrait sa joue rageusement, et lui conférait une attitude d'enfant boudeur. Elle posa ses yeux sur la lame qu'elle venait de présenter au jeune homme. La Pierre de Lune éveilla en elle un furieux désir de se battre, et de récupérer son bien à tout prix. Elle mordit sa lèvre, laissant l'adrénaline se répandre doucement dans son sang. Seule une infime poignée de seconde s'était écoulée.
    Elle se redressa lorsqu'elle entendit la cape du voleur glisser sur son corps et ses lames frôler leur fourreau. Il s'était approché d'elle imperceptiblement. Son souffle faisait voler la mèche de cheveux, elle le sentait descendre dans son cou, mais elle s'était figée. Elle n'arrivait pas à le repousser, n'en avait peut-être pas eu le temps? Elle ne savait plus ce qui se passait dans sa tête, tout semblait s'être paralysé au son de la voix du jeune homme. Elle résonnait comme le glas de fin de vie, et bouleversait le courage qu'elle avait rassemblé contre lui. Il était bien plus sûr qu'elle de ce qui allait arriver. Tous les entraînements du monde n'y pouvaient rien. Mais elle défendra sa vie.

    « On parie ? »

    Elle fronça les sourcils et recula alors qu'il feintait. Elle leva alors précipitamment sa jambe et attrapa le poignard qui se trouvait dans sa botte. Elle le posa le long de son avant-bras, la poignée profondément enfoncée dans le creux de sa main. Elle protégeait sa poitrine de ce bras, et retira le second des plis de sa cape. Deux éclairs jaillirent du fin fond de l'ombre. Le premier provenait de sa lame tant aimée, et se pierre incrustée dans son pommeau. Elle luisait, cruelle et fourbe, et filait droit vers elle. Le second venait du voleur lui-même. Des mèches de cheveux encadraient son visage, argentées et lumineuses. Gaïd se laissa distraire par ces deux éclats, et ne sentit pas immédiatement la pointe de sa dague traversé sa peau. Ce n'est que lorsque le sang coula qu'elle réalisa. Une larme écarlate glissa sur la courbe de son visage et s'écrasa sur son bras, resté au-dessous. Elle observa la tâche se répandre dans le tissu de son vêtement, et releva les yeux vers son adversaire. Il s'était déjà éloigné, hors de portée de ses bras, et lançait une nouvelle attaque. Blessée? Par sa propre arme? Non, pas celle-la...? Gaïd grimaça. Elle connaissait la douleur, mais celle qui venait de lui être infligée dévastait le calme et la sérénité qu'elle avait adopté jusqu'alors. Elle sentit la jambe de son opposant contre les siennes, essayant de la déséquilibrer. Elle se laissa aller vers l'arrière, et s'appuya contre le mur pour ne pas tomber. La colère éclaboussait son cœur et aveuglait son esprit. Avant que le voleur ne se soit relevé, elle lui asséna un coup de pied dans la jambe qu'il avait lancé à son encontre. Son pied atteignit le genou non protégé du jeune homme. Elle ne retenait pas son coup, et se fichait pas mal des répercutions qu'il pouvait avoir. Elle attendit que l'autre se releva, puis se jeta sur lui. Non, en fait, elle se glissa sous lui. Elle lança ses pieds sur le genou qu'elle avait déjà touché pour essayer de le faire tomber. Elle roula ensuite sur le côté, et sauta sur ses pieds en atteignant la porte de la chambre à coucher. Elle se retourna violemment et lança l'un de ses poignards sur son adversaire.
    La porte s'ouvrit alors, et un flot de lumière orangée inonda les deux combattants. Gaïd se projeta contre l'homme qui se tenait dans l'encadrement de la porte, puis se réceptionna en une roulade à l'autre bout de la pièce. Elle fit volte-face, juste à temps pour voir le visage du voleur, au-dessus de celui du marchand. Un cri strident se fit entendre. Un cri qui demeurerait emprisonné à jamais dans les entrailles de cette maison.

    Les images s'estompaient au rythme de ses pas. Sa mémoire avait tendance à se faire silencieuse depuis le matin, et réfutait tout souvenir qui se pointait. Que s'était-il donc passé ensuite? Elle avait fuit. Et elle en avait honte. Une honte si forte, qu'elle n'en avait jamais connu de pareille auparavant. Elle avait fuit, tout simplement. La fenêtre lui avait ouvert ses bras et elle s'y était engouffré. Elle avait essayé de se rassurer et de se trouver des excuses jusqu'à l'aube. Elle avait entendu des bruits de cavalcade sur les pavés de la rue. Des bruits de pas dans les couloirs de l'auberge, et des éclats de voix sur la place avaient retenti. La nouvelle se répandrait dans toute la ville, et le monde entier semblait pouvoir être au courant dès le lendemain. Mais ce n'était pas un meurtre de plus qui aurait terni la fête qui régnait ce soir là. Les pieds nus sur les dalles froides, Gaïd virevoltait au centre d'une mélodie entraînante et chaude. "Ce soir, au manoir de la Licorne. Y a une fille qui s'marie, pis y aura une belle fête après. Vous s'rez ben payée." C'était le tenancier de l'auberge qui lui avait annoncé ça lorsqu'il lui avait apporté un petit déjeuner. Le ventre noué, elle n'avait rien avalé. Le vieil homme lui avait sourit, puis avait commenté les nouvelles du jour. Elle avait coupé ses paroles brusquement, pour lui demandé où elle devait se renseigner pour la soirée, et était partit. Elle avait rencontré un couple et une jeune fille au regard enfantin. C'était elle sans doute, qui s'emprisonnerait pour le reste de sa vie sans même s'en apercevoir, lorsqu'elle dirait oui devant Dieu. Gaïd ne lui avait pas rendu ce sourire enjouée qui était apparu lorsque la troubadour leur avait proposé ses services. Elle n'avait pas été la seule musicienne engagée. Mais elle était la seule femme. Elle avait été tout de suite embauchée, "pour danser" avait assurer la jeune fille. Elle avait un visage aux traits fins et longs, avec un air malicieux pareil à celui du renard des contes.

    Alors elle dansait. Le groupe de musiciens qui l'accompagnait le temps d'une soirée avait préparé un panel de chansons et de morceaux gais, afin de donner à cette soirée l'ambiance espérée par ses hôtes. Et Gaïd dansait. Sa tenue n'avait rien à voir avec celle qu'elle arborait habituellement. Elle portait une tunique dont le col laissait apparaître une chaîne agrémentée d'une pierre bleue autour de son cou. Cet habit avait de larges manches qui accentuaient chacun des gestes de la jeune fille d'une grâce inégalable. Ses jambes étaient à demi recouvertes d'une jupe légère, qui se composait de plusieurs pans de tissus fins, qui laissaient apparaître sa peau au gré de ses mouvements. Les couleurs se mêlaient et faisaient écho par leur pâleur à la chaire de la Tsuan. Ses vêtements se piquetaient de part et d'autres de fils d'or et d'argent. Jamais elle ne les porterait en dehors de ses danses et chants. Ils étaient trop précieux, pour elle comme pour les autres, pour qu'elle ne risquât de les perdre ou de les abîmer. Ils étaient pourtant les seuls à donner à sa beauté tout son sens. Car oui, à la lumière des chandelles, elle avait quelque chose d'irréel. Elle ressemblait à un spectre qui dansait au milieu des vivants. Elle était d'un éclat féérique, et se parait d'une aura captivante. Les sentiments qui se dégageaient de son corps hypnotisaient et caressaient les cœurs des spectateurs. Ils étaient si forts... Tout semblait si fluide et simple, ses doigts se posaient sur des particules d'air, elle en faisait ce qu'elle voulait. Tous ses membres répondaient aux ordres silencieux qu'elle leur lançait avec une harmonie déconcertante. Le temps s'arrêtait pour mieux l'observer. Elle n'est jamais aussi radieuse que lorsque la musique se fond dans son sang et l'emporte dans son monde. Les mots ne suffisaient plus pour la décrire, les visages s'étaient tous tourné vers elle. Des rires appuyaient encore ses pas, mais les chuchotement se faisaient en sa faveur. Elle entendait les soupirs se muer en silence, et les têtes se poser lentement sur les mains. Elle attirait irrésistiblement les regards. Mais elle ne se préoccupait pas du monde extérieur. Un bonheur sans failles lui serrait le cœur et l'entraînant aux portes du ciel. Elle se concentrait sur ses doigts et ses pas, cherchant les figures les plus harmonieuses aux son de la symphonie qui se jouait dans son dos. Ses bras ondulaient autour d'elle avec une grâce sans fin. Ses doigts semblaient démesurément longs, comme s'il n'y avait plus que les rubans qu'elle tenait doucement dans ses mains. Ils volaient au-dessus des convives et l'entouraient de leurs courbes satinées. Ses pieds se soulevaient en mesure, elle sautait par instant, en suivant les accents rapides et encourageant de la musique. Celle-ci avait prit possession de son corps. Elle la manipulait, pareille à un marionnettiste avec sa plus belle confection. Sur les dernières notes, Gaïd termina sa prestation avec un tour au centre de la salle. La pierre lui faisait mal aux pieds, mais elle continuait à danser. Enfin, le dernier instrument se tut. Elle s'arrêta alors, se tourna vers le voile blanc de la mariée, et salua. Ses mains semblaient soulevé par un soupir, aussi légères que ne pouvait l'être le souffle du vent. La jeune fille battit des mains, tant pour la Tsuan que pour les musiciens. Des applaudissement lui répondirent, et accompagnèrent la marche de la troubadour vers les autres troubadours. Elle les remercia d'un sourire et d'un signe de tête. C'était à son tour de jouer.

    Elle détacha une petite flûte de sa ceinture, et attendit le signal du prochain "numéro". Un numéro... elle n'aimait pas cette expression. Elle avait conscience du peu d'importance qu'elle avait pour ses employeurs, tout ce qui resterait d'elle serait une sentiment confus, et quelques images perdues dans la tête des convives. Son nom? Ils n'avaient pas cherché à le savoir, elle n'était qu'une Tsuan parmi d'autres. Un troubadour mêlé à d'autres. Rien, elle n'était rien qu'un amusement, le temps d'une soirée. Mais elle réservait le terme de "numéro" aux singes qui se livraient à ce genre de pitreries pour amuser la galerie. Elle voulait être autre chose, être différente, elle voulait côtoyer l'art dans sa grandeur. Son père lui avait inculqué tant de valeurs qu'elle avait du mal à supporter le peu de considération qu'on lui apportait. La musique était-elle donc si faible que ça? Un signe de la main, et la voilà qui s'avançait une nouvelle fois au centre de l'attention. Elle avait beau avoir l'habitude à présent, elle ressentirait toujours cette même gêne face aux regards des autres. Autant elle passait plus ou moins inaperçue en tant que Tsuan, autant elle ne l'était jamais lorsqu'elle enfilait son habit de troubadour. C'était sans doute un honneur pour beaucoup, c'était une simple évidence même, puisque c'était le but de son métier. Mais pour elle, il s'agissait plus d'un obstacle à surmonter que d'une fierté. Elle jeta un regard aux autres troubadours. L'un d'eux prit son luth et lui rendit son regard. Bon, au moins elle ne serait pas seule. Elle esquissa un soupir, et se positionna face à la table principale. Le fond de la salle se perdait dans les allées-et-venues dans serviteurs, qui apportaient les plats ou débarrassaient au fur et à mesure que le repas avançait. Gaïd patienta un instant, puis lassée du brouhaha, elle posa sa flûte sur ses lèvres, et joua.

    Les notes s'élevèrent au milieu des voix entremêlées des convives. Elles perçaient les bruits les plus assourdissants de leur pureté. Tous les regards se tournèrent vers l'auteur de ces accords. Et le silence se fit. La mélodie s'évaporait autour des gens attablés, elle glissait le long de leur visage et plongeait jusqu'à leur cœur, qu'elle assommait par sa beauté. Elle était si douce qu'elle aurait fait plier les âmes les sombres. Les pierres semblaient verser des larmes froides. Et Gaïd jouait. Ses yeux se refermèrent, comme pour mieux ressentir les paroles muettes de sa musique. Elle était envahi de couleurs et de frissons. Elle renfermait ses larmes et ses rires dans la mélodie qu'elle livrait à cette soirée et au bonheur du jeune couple. Ses auditeurs fermèrent eux aussi les yeux, balançant leur tête d'avant en arrière. Certains se mordaient la lèvre comme pour mieux savourer ces quelques instants de pureté cristalline. Les flammes des bougies frémissaient sous une brise imaginaire, et les serviteurs s'étaient immobilisés. Plus rien ne bougeait, il n'y avait plus que la musique qui s'écoulait entre les murs et fuguait au dehors par la fenêtre entrouverte. Si la Lune et les étoiles avaient pu entendre ce morceau, sans doute auraient elles entonné elles aussi ce chant, lui faisant alors écho à travers le monde. Les notes s'évanouirent en un dernier soubresaut aérien, puis se turent. Gaïd rouvrit les yeux. Ils s'étaient humidifié, et luisaient maintenant comme des miroirs. Le souvenir de ce chant ravivait toujours en elle cette même souffrance d'un passé perdu. Elle le connaissait sans jamais l'avoir apprit, elle le tirait du plus profond de ses entrailles, et le rejouait inlassablement chaque fois qu'elle le pouvait. Mais elle ne savait toujours pas d'où elle le tenait. C'était un héritage mystérieux, qui avait emporté son secret dans la tombe de l'oubli. La jeune femme n'avait pas entendu le luth, qui l'avait pourtant soutenu quelques instants. Elle s'était une fois de plus enfermé dans un monde différent, n'écoutant plus que la musique qui fuyait dans son sang et s'emparait de son âme. Elle avait peine à émerger. Les notes emplissaient encore son esprit, et brouillait ses perceptions d'autrui. Elle salua une nouvelle fois, et s'écarta. Elle passera une dernière fois au centre de la salle. En attendant, il lui fallait panser ses plaies, et recouvrer ce masque distant qui lui allait si bien. Elle caressa sa joue, suivit la ligne d'une entaille encore fraîche, et écouta ses partenaires d'un soir.


La mélodie existe, et me fait réellement cet effet là. Ce n'est pas seulement pour vanter mon personnage:
Carlos Nunez, Tears of Stone.
https://www.youtube.com/watch?v=aOpzXcWB0VQ
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